"LE JAPON IMAGINAIRE IMAGINE DE HAYAO MIYAZAKI" !!!!
L'aquarelliste, qu'est Hayao Miyazaki, a souhaité - tout le long de son parcours - interpréter, imaginer, fantasmer une PEINTURE "onirique" filmique différente. De sa dernière réalisation "Le Vent se lève", il referme la fructueuse parenthèse d'un cinéma d'animation d'exception où le brassage des thèmes liés à l'enfance, la guerre, la nature ou la destruction de l'environnement par la main de l'homme ont rendu ses oeuvres aussi accessibles aux enfants qu'aux adultes. A la difficulté de rester pacifiste, les protagonistes de sa riche filmographie ont souvent été des jeune filles fortes/fières mais aussi indépendantes, et où les "vilains" épousent une certaine ambiguïté.
Né en 1941 à Tokyo, son enfance est marquée par les désastres de la Guerre, un Japon ravagé. il s'en inspirera pour en faire l'essence de sa "création". D'un père, directeur d'une entreprise en aéronautique, Miyazaki vouera une passion pour les avions en général et le VOL mais aussi un grand amour pour sa mère (femme belle et intelligente) souffrant de tuberculose vertébrale. Fuyant la guerre entre 1944 et 1945, la famille Miyazaki déménage souvent et se réinstalle dans la capitale. Pendant sa dernière année de lycée, le jeune Hayao découvre le premier film d'animation japonais. Il avouera avoir pleuré toute la nuit et être tombé amoureux de l'héroïne principale. Véritable révélation, il se penche sur ses talents de dessinateur, dessinant des croquis d'avions mais ayant dû mal à reproduire des personnes. En 1962, il entreprend des études d'économie et rédige une thèse sur l'industrie japonaise, rejoignant la même année un club de recherches à Gakushuin sur la littérature enfantine.
Hayao Miyazaki débute sa carrière au studio Toei où il rencontre deux "figures" importantes du cinéma d'animation. Il rejoint, par la suite, une entreprise concurrente mais après quelques projets télévisuels, le cinéaste retourne à la BD. Il élabore "Nausicaä La vallée du Vent" qu'il porte ensuite sur l'écran. Le succès sera au rendez-vous, lui permettant de créer son propre studio GHIBLI. S'ensuivront les chef-d'oeuvres dont "Le Voyage à Chihiro" qui obtiendra l'Ours d'Or au Festival de Berlin en 2002. En 2014, il annonce son départ en retraite, délivrant une dernière fois, un "trésor" d'animation "Le Vent se Lève".
Dans la lignée des artistes traumatisés par la Guerre, la machinerie (obsédé par la bombe atomique), bien que très jeune à cette période, Miyazaki la vivra, la ressentira à travers sa mère et son entourage. Si les engins volants lui rappellent son passé, ses autres influences viendront de la littérature, entre autre, occidentale à l'image d'écrivains comme Lewis Carroll mais aussi Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince) ou Jean Giraud (Moebius), ainsi que l'animation américaine, les studios Disney - il révélera, plus tard, avoir voulu réaliser "Le Roi Lion" où les protagonistes seraient des animaux asiatiques comme le Panda -
En dénonçant l'absurdité/L'inutilité de la violence et la bêtise humaine, en montrant qu'il n'y a (au final) ni BON, ni MECHANT, Hayao Miayzaki dépasse les clichés/codes du "Héros face au Mal" et fait de lui un FEMINISTE que certains jugeront JE LES CITE "En tant que féministe, il est convaincu que les sociétés valorisant les femmes réussissent mieux". Sages et nobles paroles dont les femmes ( en réponse à l'amour d'une mère) occupent une place MAJEURE.
EXTRAIT DU MEMOIRE DE BOND SUR "LE VENT SE LEVE"
"Marche doucement parce que tu marches sur mes rêves" : Jiro, le jeune ingénieur, foulant le sol enneigé, remarquant une carcasse d'avion enseveli . Sans s'arrêter, il continue sa route puis un train fait son entrée. Vrombrissement et "cri" de la machinerie, une lumière rouge vive transparaît derrière les nuages. Jiro regarde cette tâche dans le ciel. La lumière laisse place à un avion en feu en train de s'écraser. Impassible, il assiste à cette scène de destruction. Les morceaux tombant du ciel, une aile avec un drapeau japonais s'écrase près du train. Ce dernier fait, une nouvelle fois, vibrer sa cloche de la vapeur et Jiro se dirige vers lui...D'une intelligence - vecteur de morts et de malheurs - des avions de Jiro, de la maladie (la tuberculose) qui emportera Nahoko (La belle aimée), réside deux êtres, essayant malgré tout de vivre, par le fait même de vivre, et de redécouvrir la nature où le lien avec "Les corbeaux" (film/hommage au peintre Vincent Van Gogh) du cinéaste Kurosawa existe, représenté par le pastelliste Miyazaki. De ce monde onirique, "Les Corbeaux", dévoré par le débordement des cadres de Van Gogh, il n'y a qu'un pas à franchir dans celui de Miyazaki : Fuite sans fin jusqu'à l'arrivée des "Corbeaux" où Comme Jiro, c'est par le train (et l'avion) que la pensée semble pouvoir s'exprimer dans sa plus grande liberté, et aspirer à l'apprivoiser comme point d'ancrage ou de départ dans ce temps AUTRE. L'acte de peindre pour Hayao Miyasaki (comme pour Kurosawa) reste une "dévoration" équivalente à l'automatisme du rêve....Comme si ces gros plans sur la locomotive et son jet de vapeur fumant figuraient à leur tour "un second rêve".
Vous allez beaucoup nous manquer Monsieur Miyazaki !!!!
(Evène, Wiki, Extraits le Times, Bellour "Corps au cinéma" sur Dreams).
"Ce qui m'intéresse le plus, c'est l'influence qu'ont mes films sur le public proche de moi."
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
"Je crois que les âmes des enfants sont les héritières d'une mémoire historique visuelle venues des générations précédentes."
"Le vent se lève" a été réalisé par Hayao Miyazaki. Sortie en salle le 22 janvier 2014.
Dernier bijou du cinéaste japonais Hayao Miyasaki, "Le Vent se lève" invite le spectateur à embrasser la "toile" cinéphilique qui a empli son oeuvre, et sa vision des personnages de cinéma.
Au travers du parcours de Jiro Horikoshi/ingénieur pour l'aviation japonaise, Miyasaki convoque l'intelligence d'un jeune homme - dans l'impossibilité de devenir aviateur (en raison de problème de vue) créant des modèles d'aéroplanes - mais aussi un certain Japon. Film anti-patriotique pour un nombre de nippons, mise à l'honneur d'un concepteur d'engins meurtriers, responsable indirect de la mort de milliers de personnes pendant la Seconde Guerre Mondiale, ancré entre les grands bouleversements historiques des années 20 (séisme de Kanto, la grande dépression, la propagation de la tuberculose), l'oeuvre filmique retrace la vie de ce jeune homme au gré des vents houleux emportés par l'Histoire. De ce doux rêveur, voulant s'isoler d'un univers sombre SEULE une âme féminine , prénommée Nahoko, trouvera grâce à ses yeux, au-delà de sa passion dévorante pour l'aéronautique car L'AVION demeure l'extension "symbolique" du corps/psyché de Jiro. L'objet d'acier s'humanise (tout du long), devenant une autre expression "ondoyante" et "envolée" du mythe d'Icare : introspection faite dans le MOI du "héros" pour montrer sa vision unique du monde. le cinéaste utilise cet élément volant pour créer dans l'univers mental de Jiro, une puissance de contrôle et de mémoire : le jeune homme ne rêve pas, il vit en tant que spectateur/acteur, l'approche d'un état fantastique lui étant impossible car Miyasaki ne cherche plus à l'utiliser, voulant cristalliser les maux en les révélant. De ce fait, son personnage avance, n'oublie rien et vit chaque ressenti/nivellement de sa pensée. Ses rêves/prédictions/songes divinatoires s'analysent telle une allégorie s'opposant à la psychanalyse qui traite les songes comme étant une fulgurance du passé, et non d'un avenir possible. Miyazaki dessine, ainsi, l'ironie de la vie d'un être désirant vivre de ses rêves aux dépens des autres, et fait perdurer une représentation sensible d'un objet "mobile" comme métamorphose du MOI de Jiro : Vivant dans un contexte socio-historique lourd où le JE existe dans un souci "machinique" de productibilité , et perd son AURA de simple être vivant, le jeune homme est plongé dans un genre de cinéma qu'est le Shomingeki. Evoquer ce Théâtre populaire pour Miyasaki, c'est introduire dans "Le Vent se Lève" l'ombre du cinéaste Yasujiro Ozu. Référence obligatoire, fondée sur la présence de véhicules dont Ozu savait manier le SYMBOLISME dans l'inconscient de ses personnages pour les "installer" dans un cinéma du quotidien, en regard avec l'un de ses plus illustres long-métrages " Voyage à Tokyo". De ce Voyage, une machine de fer LE TRAIN possède une dimension de vieillesse, ironisé par la parole des protagonistes LES PARENTS AGES, évoquant le brassage des grandes distances en peu de temps, ajoutant à la sensation de séparation qu'ils vivent avec leur enfant plongé dans la modernité. Miyazaki récupère ces moments de "pérambulations" pour illustrer son propos. LE TRAIN autre composant mécanique - omniprésent - dernière escale du cinéaste japonais, n'opposant pas seulement une dualité technique ou prédiction de l'avenir industriel du Japon mais renfermant aussi une personnification.
La locomotive incarne la rencontre de Jiro avec Nahoko, jeune femme après qui il court comme un autre idéal de réussite. Il tombe amoureux dans ce "coucou" où une rafale de vent "souffle" son chapeau, rattrapé in-extremis par sa BELLE. Ils partagent dès lors ces mêmes mots "Le vent se lève, il faut tenter de vivre", citation du poème de Paul Valéry. (Re) contextualisé dans le rêve, l'aviation devient le désir égoïste de Jiro, lui permettant de vivre malgré le danger de mort que symbolise l'ingénierie. Le train, quant à lui, interprète la passion amoureuse là où elle est née, détournant le héros de son avancée solitaire. Partagé entre amour et passion, le jeune homme devient le COEUR de l'exécution de Miyazaki. Inspiré par la vie personnelle du cinéaste, son héros est à la fois l'ingénieur Jiro Horikochi (concepteur du célèbre chasseur-bombardier "Zéro" dont la désignation officielle reste le Mitsubishi A5M) et Tatshuo Hori, auteur japonais ayant écrit une autobiographie "Le vent se lève" MODELE de la relation entre Jiro et Nahoko. Personnalité double, le JE est multiple, et n'est pas dans la contradiction mais dans l'addition de deux êtres, deux vies qui prendront, chacune, le temps de coextister au coeur du souffle qui se lève.
VENT soulevant des avions, VENT envolant le chapeau de Jiro pour être récupérer par Hahoko, VENT existant dans les vers de Valéry, VENT balayant le parasol de Nahoko, VENT entraînant la mort de Nahoko, VENT assassinant un Japon, VENT faisant de Miyasaki, le cinéaste aux arlequins "aériens", digne créateur du studio GHIBLI : VENT chaud/violent du Sahara.
Avec "Le vent se lève", Hayao Miyazaki ne souhaite plus delivrer un genre de REVE mais révéler un cinéma "conscient" en permanence pour lier, au drame, toutes les motivations prégnantes dans les chimères de sa filmographie : Jiro a beau courir après ses rêves, le temps passe, la mort est inévitable, il faut continuer. L'exécution se clôt sur une note triste mais se veut optimiste à l'image de la plus belle scène - jeu de miroir déformé - où le sauvetage du chapeau de Jiro par Nahoko s'inverse par celui du parasol par Jiro, tous deux liés au vent, cherchant, au travers d'un cadre bucolique/tendre, retrouver l'essence du "Cimetière Marin" de Valéry, et faisant de cette ultime oeuvre filmique LE CHEF D'OEUVRE désenchanté, mélancolique et poétique d'un naturaliste, trouvant refuge et bonheur dans sa création...tout comme son héros !!!!
Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! (Cimetière Marin - Paul Valéry)
"Je veux créer quelque chose de réaliste, quelque chose de fantastique, de parfois caricatural, mais qui soit au final un magnifique film."
ITs hayao Miyazaki with the cross countour technique. This is our final project where my teacher wanted a head with a hand. I feel special.... He likes old people to draw and so he choose miyazaki.
http://narutokunobessed.deviantart.com/art/Hayao-Miyazaki-372301384
"Il y a une part de folie dans ce désir ardent de quelque chose de beau."
"On meurt tous un jour, qu'on soit mendiant ou empereur.