"THE ENTITY/LE PARANORMAL ACTIVITY DE J.FURIE" !!!!
"The Entity" (L'emprise) a été réalisé par Sidney J.Furie. Sortie dans les salles en 1982 (Sortie sur le sol américain le 4 février 1983).
Carla Moran, une jeune femme, voit son quotidien bouleversé lorsqu'une entité invisible la tourmente et la viole à plusieurs reprises, la laissant marquée physiquement. Des psychiatres se penchent sur son cas, puis, devant le peu de résultats, des spécialistes des événements supernaturels (UCLA) tentent d'aider la jeune femme.
Si je devais délivrer un TOP des films d'horreurs qui m'ont perturbé "L'exorciste" de William Friedklin, "Amytiville, la maison du Diable" de Stuart Rosenberg et "L'Emprise" de J.Furie se retrouvent en première ligne. Peu connu du jeune grand public actuel, ce long-métrage fantastique glace le sang et bien au-delà après son visionnage !
Ce Paranormal Activity (1981) de très haut-vol s'attache à l'histoire véridique (que je détaillerai plus bas) de Doris Bither/Carla Moran interprétée par la magistrale Barbara Hershey, une jeune trentenaire divorcée aux prises avec une Entité qui n'aura de cesse de la maltraiter et la violer. Bien que l'oeuvre cinématographique du cinéaste J.Furie remonte à plus de 33 ans (pour l'avoir revu il y a 2 ou 3 ans), son impressionnante exécution dérange toujours ! Découpée en deux parties : la première réside dans la confrontation de Carla face à une Force mystérieuse, sous l'oeil incompris de son entourage. Sous fond d'une Bande Son assourdissante (en rappel du film de Robert Wise " La Maison du Diable") on assiste - impuissant(e) - aux coups physiques et aux sévices sexuels extrêmement violents que subit la jeune femme. Grâce à un traitement ultra-réaliste, moderne - culotté pour l'époque - une entreprise toute particulière, Sidney J.Furie n'épargne nullement le regard du spectateur(ice); sa caméra instaure un climat (hautement malsain), le viol débutant dès notre intrusion personnelle (et intime) dans la chambre de Carla ! Pour chaque gifle puis chaque assaut sexuel "invisible" la salissure de la jeune femme devient MIENNE; mais l'Entité pousse le vice plus loin, invitant - non sans une "douce" perfidie - sa victime aux frontières d'un plaisir (nocturne) coupable, déstabilisant la femme et cinéphile que je suis ! Face à des psychologues et psychanalystes peu enclin à épouser sa propre version des faits, Carla trouve une véritable écoute dans la deuxième partie, de par son entourage - témoin de certaines attaques - et de parapsychologues. Mais à l'instar des moult long-métrages fantastiques (bien fadasses de ces dernières années) de VICTIME, Carla devient une étrange COMBATTANTE sans pour cela endiguer cette EMPRISE !
De par son incroyable crédibilité au travers d'une réalisation rigoureuse, irréprochable, intense et la prestation remarquable (l'adjectif est faible) de la superbe Barbara Hershey - qui porte ce terrifiant récit sur ses frêles épaules. Elle obtiendra à juste titre le prix de la Meilleure Interprétation Féminine au festival d'Avoriaz 1983 - ce troublant voyage au coeur de l'innommable demeure une oeuvre MAJEURE du genre : Le cauchemar "éveillé" de Carla ne fait que commencer !!!! (A VOIR ABSOLUMENT EN V.O)
LA VRAIE HISTOIRE DE DORIS BITHER/CARLA MORAN
En 1978, Franck Defelitta publie un livre dans lequel il relate la terrible expérience dont Doris Bither va devenir la victime. Pour mieux visionner le long-métrage de Sydney J.Furie, il est plus qu'appréciable de connaître les véritables faits.
Doris (Bither) McGowan - nom de jeune fille - est née au coeur d'une famille de classe moyenne dont les deux parents - alcooliques - passent la majeure partie de leur temps à se disputer. Le ménage explosif décide de déménager en californie, Doris a (alors) 10 ans. Au cours de son adolescence, la jeune fille affronte ses parents dans une énième altercation. Etrangement, une partie de sa famille (oncle, tante ainsi que ses parents) l'a renie : c'est bien plus tard qu'elle apprendra la mort des siens, seul son frère héritera du peu de biens. Devenue une femme instable (de par son passé trouble, elle fournira que peu - ou pas - d'explications) Doris donne le jour à quatre enfants (tous de pères différents) et divorce à plusieurs reprises. Mère célibataire et sans argent, elle doit se débrouiller par elle-même. Elle s'installe dans une toute petite maisonnée et essaye tant bien que mal de subvenir aux besoins de sa fille et ses trois fils. Les rapports avec ces derniers s'avèrent plus que conflictuels, le schéma familial se répète malgré l'amour que porte Doris pour ses enfants. Quelque temps après son installation, la jeune femme reçoit la curieuse visite d'une vieille dame d'origine mexicaine lui déclarant qu'il faut impérativement qu'elle quitte la maisonnée hantée par le MAL : une ancienne ferme où aurait vécu la dit étrangère. Dés lors, les premiers phénomènes démarrent.
Le 22 août 1974, le Docteur Barry Taff ( médecin en psychophysiologie), le docteur Kerry Gaynor (ingénieur biomédical) ainsi que le docteur Telma Ross (parapsychologue à l'université de l'UCLA) rencontrent Doris, à sa demande. Elle explique ses malheurs; intrigués puis intéressés Taff et Gaynor décident de mener leur propre enquête. PETITE PRECISION : les deux chercheurs travaillent sur les ordres du docteur Ross et s'occupent principalement des investigations.
Dès leur arrivée au 11457 Braddock Drive, les deux hommes constatent la pauvreté des lieux : une maisonnée misérable - condamnée deux fois par la ville du fait de son insalubrité et des étranges rumeurs de "demeure possédée" - ressentent une désagréable odeur ainsi qu'une forte pression dans les oreilles. La petite masure de Culver City se compose d'une salle de séjour et d'une cuisine, les chambres étant dans une autre section, une propriété en L.
Les enfants sont les premiers à prendre la parole, appelant l'Entité Monsieur "Who's he" et affirment l'avoir vue à plusieurs reprises, leurs descriptions étant précises. Doris Bither, plus en confiance, se libère. Elle déclare que les "abstractions" dont elle est la principale victime sont au nombre de trois. Deux petites lui tenant les jambes, la troisième (adulte) le violeur ! Ces assauts répétitifs laissent des contusions sur son corps meurtri (aux cuisses et au cou). Au premier abord, les deux chercheurs restent spectiques face aux dires de cette famille. De plus, l'aîné des enfants semble avoir des rancoeurs envers sa mère. Au fur et à mesure de la conversation, le docteur Taff et son collègue apprennent que dans sa prime jeunesse, Doris aurait subi des maltraitances physiques (de quel ordre, mystère???) ainsi que des relations abusives avec ses anciens compagnons, elle n'en dira pas plus mais les deux hommes sont face à une femme psychologiquement instable. A la fin de cette première visite, Kerry Gaynor déclarera : nous avons ri, ayant du mal à croire qu'un fantôme pouvait venir toutes les nuits violenter une femme. Cette Doris Bither a tout simplement perdu la raison !" Mais le fait que les enfants persistent dans leurs soi-disant allégations poussent les investigateurs à continuer leur enquête.
Dès la seconde visite, des phénomènes visuels se manifestent, sans la présence de la dit Entité. DECLARATION du docteur Gaynor : "nous avons vu de petits éclats de lumières, très brefs. Nous avons essayé de les prendre en photos mais ils étaient trop rapides. Nous tournions (à l'époque) avec un polaroid et une caméra 35mn....la porte d'une armoire a brusquement claqué, des objets ont volé dans les airs, et puis d'un coup Doris s'est mise à hurler "il est là, le fantôme est là." nous nous sommes retrouvés dans sa chambre; pensant que la caméra ne marchait pas, j'ai pris deux photos réussies. Doris n'arrêtait pas de répéter "il est en plein devant mon visage, vous le voyez ?".Nous avons vu une silhouette sur la photo mais son visage était effacé. Une deuxième, de même mais il est clair qu'une forme apparaissait." (Les images n'ont jamais été divulguées ?!?!)
La troisième visite s'effectue directement dans la chambre de la jeune femme. Aidés par d'autres collègues, les spécialistes en Forces occultes amènent un éclairage spécial, des caméras ainsi qu'un équipement audio. DECLARATION du docteur Staff : " dès les apparitions des êtres maléfiques, nous avons demandé à Doris de s'adresser directement à eux, de les bousculer voire plus....Une étrange communication s'effectue et j'ai commencé (moi-aussi) à engager la conversation, concluante. Ils jouaient avec nous...Ce que nous avons vu n'est pas sur la photo. Nous voyions des boules de feu, mais l'image montre des arcs de lumière sur la tête de Doris....Ce cliché a été révélé lors d'une émission de télévision Sightings en 1992.
Doris Bither supplie le docteur Gaynor de la débarrasser de ces Entités. Il lui répondra "Je ne suis pas exorciste. Je couvre les événements, j'étudie le phénomène et je donne des conseils aux personnes concernées... La jeune femme ne cessait de répéter que l'entité qui l'agressait, toutes les nuits, était masculine, très forte mais elle ne pouvait la reconnaître (persuadée d'être en contact direct avec un fantôme)." Gaynor affirmera : "Je n'ai jamais vu l'abstraction mais plusieurs de mes collègues assistèrent à l'apparition d'une silhouette." Les enquêteurs se sont tout de même poser des questions : ".... les agressions venaient-elles véritablement d'un homme ou d'un fantôme?....Tous les assauts se déroulaient très tard dans la nuit, sans aucun témoin et cette Entité ne s'en prenait qu'à Doris Bither....un soir le fils aîné entendit sa mère hurlée, il rentra dans la chambre, une force invisible le plaqua sur le sol...Il s'est retrouvé avec le bras cassé...Nous étions tous pétrifiés.....Doris Bither a été attaquée une quinzaine de fois pendant notre séjour de plus de dix semaines...Plus forte, rassurée du fait de n'être point folle, elle a survécu." La jeune femme déménage cinq fois mais son assaillant la poursuit. Au bout de deux ans, les phénomènes disparaissent. Le docteur Gaynor et le docteur Staff (ainsi que leurs collègues) n'ont jamais pu prouver l'existence de ces Entités.
En 1995 Doris Bither décède d'une pneumonie, il reste le témoignage de son fils Brian Harris. Au travers d'une longue interview (téléphonique) le journaliste pose LA QUESTION du viol de sa défunte mère. Après quelques secondes de silence, Harris confirme " ....C'est réellement arrivé. Vivre dans cette maison, c'était l'enfer.... Nous avons tous vécu une sorte d'attaque...on se faisait pousser, mordre, écorcher...nous avions tous des marques sur le corps...Il y avait quatre Entités, très fortes et qui puisaient énormément d'énergie...." A la question : "Avez-vous vu une silhouette ?" ....." Oui, c'était comme une sculpture. Comme un corps ciselé...parfois cela devenait agaçant... les fantômes passaient devant nous, devant la télé, nous nous étions habitués....L'histoire du viol est bien réel..J'ai entendu de ma chambre des bruits assourdissants, des cris et ma mère est sortie de la sienne en hurlant, le corps envahi de marques...". Brian Harris ne garde pas un très bon souvenir des enquêteurs : " Ils faisaient leur job après leur départ...peu importe, on devait se débrouiller avec ces CHOSES....La maison était devenue vivante, les objets volés dans tous les sens...Le petit ami de ma mère nous a quitté, il ne pouvait faire face au poltergeist...un vrai salaud ! mais tant mieux...La théorie de la télékinésie était possible, il y avait tellement de tensions et d'énergies négatives...La maison était instable...". A la question " Votre mère a-t-elle pu créer cette Entité ?"... "Oui, c'est possible, elle buvait tellement, elle voulait s'en échapper...." Brian Harris insiste aussi sur le fait que les spécialistes ont raconté un nombre de choses fausses : " Il n'y avait pas trois mais quatre Entités et le docteur Taff nous a affirmé que la quatrième était notre grand-père...Il lui ressemblait." Ce qu'infirmera le chasseur de fantôme. En fin de ce témoignage téléphonique, nous apprenons que Brian et ses autres frères et soeur possèdent une forme de pouvoir psychique (conditionnés par leur mère???) Bien qu'au cours des années, le don du fils de Doris, s'est affaibli, Il ne perçoit que des ombres et des esprits de temps en temps. A l'ultime question "Votre mère a eu plusieurs grossesses extra-utérines ou hystériques ?" .... "C'est possible. Je veux dire ma mère se déplaçait beaucoup. Elle était instable, nous perdions contact avec elle. Elle avait tant de petits amis et de maris que j'ai perdu mon compte. C'est donc une possibilité que l'un de ses copains l'a mise enceinte." (Wiki,Le blog de l'étrange,Fichiers bardo, Travel Creepster, Mindshadow).
Ce qui reste - au travers du cas Doris Bither - LE DOUTE ! Plus ou moins mis en avant dans la première partie du film (de même dans la réalité) lorsque des psychanalystes se penchent sur ses maux, leurs scepticismes puis leurs verdicts : la jeune femme est mentalement troublée. La relation avec son père, son fils, son compagnon ainsi que tous les autres hommes qu'elle a rencontré, mettent en exergue les éventuels traumas de son parcours d'une existence chancelante. Sydney J.Furie aborde avec justesse le viol, l'inceste; et lorsque l'on découvre la véritable histoire, malgré quelques clichés étranges ainsi que les témoignages de Brian Harris (l'un des fils de Doris Bither) et des spécialistes (en quête de sensationnel ?) nous sommes en droit de nous interroger !
Le viol est l'un des traumatismes les plus graves. Il est la résultante de sérieuses conséquences autant physiques que psychiques. Lors d'une attaque sexuelle, la substance grise met en place une sauvegarde. Comme le souligne Muriel Salmona (psychiatre et psychotraumatologue), si les viols et leurs troubles psychotraumatiques ne sont pas traités, il en découle de nombreux problèmes de santé : des états dépressifs, des troubles anxieux, des insomnies, des disfonctionnements de la mémoire, l'alcoolisme....et des troubles sexuels. Ces dissensions auront alors un impact majeur (catastrophique) sur la vie autant sociale que personnelle de la victime. Doris Bither semblait développer tous les stigmates d'une personne violentée sexuellement. Dans le long-métrage tout comme dans le récit véridique, la jeune femme mentionnait une odeur fétide, des bruits assourdissants... Le docteur Slamona soulève que certains ressentis ou sensations peuvent être imposés par notre esprit et sont JE LA CITE : "des réminiscences traumatiques des viols ou agressions sexuelles subies.." Le cerveau est un centre nerveux complexe, son fonctionnement étant encore mal connu, il est certainement capable de bien plus de choses que l'on ne peut soupçonner ! Brian Harris (le fils de Doris Bither) signale que la théorie de la télékinésie est fort possible. Les manifestations des Entités tout comme les viols (fictifs ??) sont - peut-être - LE PRODUIT des chocs post-traumatiques d'une femme blessée dans sa chair et son âme. Ayant quelques clefs en mains : A vous de faire votre propre opinion !!!!
"Une femme violée est une femme qui meurt d'une certaine manière.......une mise à mort symbolique.....Un viol est bien un acte indélébile."