Une peau vraiment habitée !!!
"La Piel que habito" a été réalisé par Pedro Almodovar; sortie en salle le 17 Août 2011.
Antonio Banderas/ Robert Ledgard
Elena Anaya/ Vera
Robert Ledgard, eminent chirurgien esthétique, est prêt à tout pour venger la mort de sa fille, quitte à sombrer dans la folie.
Très souvent longue attente rime avec immense déception. J'ai eu vent du scénario de "la piel que habito" il y a au moins 5 ans. C'est tout fébrile que j'ai découvert dans ma salle obscure préférée le dernier cru de Pedro Almodovar.
Cela fait déjà un bon bout de temps que j'ai vu "la piel que habito", seulement en faire la critique sans spolier ou révéler une pièce clé du scénario relève d'un immense défi. Malgré son bon mois de diffusion, je vs propose une critique 100% no spoil. Pourquoi aller voir "La Piel que habito" ? Tout d'abord pour la re collaboration de Almodovar et Banderas - Antonio Banderas qui signe ici son grand retour dans le cinéma européen - et la maestria du réalisateur espagnol pour allier avec justesse horreur, folie, amour et rire. Sûrement une de ses oeuvres les plus sombres, le long-métrage joue avec les nerfs des spectateurs en "éclairant" ses personnages au compte goutte sous des flashbacks magistralement disséminés. L'intrigue se veut de plus en plus étouffante et viscérale. Almodovar nous plonge alors dans un univers teinté de trous noirs et de questionnements; où commence la justice ? Le "juste" a t-il toujours raison ? Jusqu'où les motivations d'un homme peuvent elles l' entraîner à sa fin ? Evidemment cela n'est que la surface apparente de l'iceberg. Si certains ont reproché une trop grosse influence du côté de Franju, c'est surtout chez Cronenberg qu'il faut se tourner avec "La Mouche"; le réalisateur espagnol réveille une nouvelle fois la fascination et la frayeur de l'évolution et du changement. Il n'est nullement besoin de rappeler l'intelligence et la subtilité dans la réalisation, Pedro Almodovar n'ayant plus rien à prouver. Evidemment "La piel que habito" ne serait rien sans le retour de Mr. Antonio Banderas qui impose ici un charisme ravageur au profit d'un jeu sombre et percutant. Accompagné par la séduisante Elena Anaya (je suis littéralement tombé sous son charme) imposant de sa plastique parfaite, une deuxième peau bien plus "burinée" et emplie de traumatisme. Seule imperfection; une envie de vouloir tout mettre, entraînant à condenser certains sujets et dévalorisant les sous lectures possibles.
Pour les fans de Pedro Almodovar et les cinéphiles amoureux des vices humains, ce "piel que habito" est un incontournable; d'une extrême violence à la dérangeante douceur, le long-métrage nous met mal à l'aise et suscite toutes sortes d'émotions. Généreux, fou, complet... L'attente n'était pas vaine, merci Mr Almodovar !!!
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