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"PASSION CHARNELLE AU 12e SIECLE" !!!!

Publié le par Mina

JEAN TEULE
JEAN TEULE

JEAN TEULE

Nul besoin de présenter Jean Teulé, le romancier multi-casquette, auteur des célèbres romans "Le petit magasin des suicides", "Darling" (les deux adaptés sur grand écran), "Mangez-moi", "Ô Verlaine" ou "Le Montespan", pour ne citer qu'eux. Dans son dernier roman, il s'attaque (une nouvelle fois) à l'Histoire et aux amours contrariés d'Héloïse et Abélard, nommés les Amants Eternels.

"PASSION CHARNELLE AU 12e SIECLE" !!!!

"Depuis quand ne peut-on pas nommer les choses ?". C'est avec gourmandise et truculence du "verbe" que Jean Teulé continue son voyage littéraire dans un de ces faits-divers historiques tout aussi romanesque qu'effroyable. L'écrivain explique JE LE CITE "Héloïse ne parle que de sexe...On sait que ça a été une histoire sexuelle folle entre les deux, et au lieu d'étudier, ils n'ont fait que baiser comme des dingues". Le ton est donné !

En l'an 1115, le théologien réputé Abélard se voit confier l'éducation de la jeune héloïse par un ami confrère Fulbert, oncle de la damoiselle. Une passion dévorante va naître entre le maître et son élève. Pourquoi ne suis-je pas étonnée de voir Teulé s'attacher à la légendaire liaison de ces amoureux maudits ? le romancier aime, comme à son accoutumée, conter des histoires toutes aussi scabreuses que sanglantes (au souvenir de "Mangez-moi"). L'histoire d'Héloïse et Abélard, plus qu'atypique, lui permet de manier le phrasé médiéval "cru" avec son agilité légendaire, et il en faudra de cette légèreté "narrée" puisque paillardise, il y a : Ames chastes, allergiques aux scènes de sexes sado-maso-scato, non sans un parfum de torture - je n'en direz pas plus, pour ne pas gâcher l'effet de surprise - passez-votre chemin. Les 100 premières pages du roman ridiculisent, à elles toutes seules, le célèbre "50 nuances de Grey" !!! Mais un tel coup de foudre irraisonné, ardent du feu de dieu et déclenchant les foudres des proches d'Héloïse, se paie au prix fort; scellant dans la deuxième partie du livre - plus mesurée - le destin de la donzelle et son amant.

Peu avare en détails, Teulé "croque", de sa plume effrontée, l'érotisme grivois. Aussi polissons que désopilants, ces ébats amoureux tragi/comiques trouvent leur excellence dans la verve stylistique/narrative décalée d'un écrivain jouant de son audace irrévérencieuse. D'Héloïse et Abélard, je connaissais la vision classique, quelque peu naïve d'une oie blanche. Au regard de cette nouvelle approche, je découvre l'une des premières féministes d'une époque d'antan.

Jean Teulé réécrit L'Histoire use, abuse de son langage fleuri - voire obscène - pour mon plus grand bonheur - "chante", sur papier, la folle folie amoureuse, et fait de ces tourtereaux éternels, des amants résolument modernes.

"PASSION CHARNELLE AU 12e SIECLE" !!!!

EXTRAITS

"- Bonjour, ma amour...

- Bonjour, ma amour...

En ce temps où le mot "amour" est au féminin même au singulier, ô toi, phalange agile du précepteur, c'est du rêve que tu foules et la rosée que tu sens est si comparable à des pleurs."

"Avec toi, tout est comme le va-et-vient. De plus en plus rapide de ta main, héloïse ! Hou, ce que tu me fais là, et comme tu me le fais, ah, Heloïïïïïse ! "

Lettre d'Abélard.

"Tu sais à quelles abjections ma luxure d'alors a conduit nos corps au point qu'aucun respect de la décence ou de Dieu ne me retirait de ce bourbier et que quand, même si ce n'était pas très souvent, tu hésitais, tu tentais de me dissuader, je profitais de ta faiblesse et te contraignais à consentir par des coups. Car je t'étais lié par une appétence si ardente que je faisais passer bien avant Dieu les misérables voluptés si obscènes que j'aurai honte aujourd'hui de nommer."

Lettre d'Héloïse.

"Si je pouvais ouvrir ma bouche et laisser ma langue, ce ne serait pas pour me confesser."

"PASSION CHARNELLE AU 12e SIECLE" !!!!
HELOISE (1101-16 MAI 1164) ABELARD (1079-21 AVRIL 1142) INHUMES AU CIMETIERE DU PERE-LACHAISE

HELOISE (1101-16 MAI 1164) ABELARD (1079-21 AVRIL 1142) INHUMES AU CIMETIERE DU PERE-LACHAISE

"En doutant nous venons à la recherche, en cherchant nous percevons la vérité"

PIERRE ABELARD (Philosophe et Théologien)

"PASSION CHARNELLE AU 12e SIECLE" !!!!

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"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!

Publié le par Mina

"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!

"Lost River" a été réalisé par Ryan Gosling. Sortie en salle le 8 avril 2015.

IAN DE CAESTECKER/BONES

IAN DE CAESTECKER/BONES

CHRISTINA HENDRICKS/BILLY

CHRISTINA HENDRICKS/BILLY

SAOIRSE RONAN/RAT

SAOIRSE RONAN/RAT

BEN MENDELSOHN/DAVE

BEN MENDELSOHN/DAVE

MATT SMITH (IV)/BULLY

MATT SMITH (IV)/BULLY

EVA MENDES/CAT

EVA MENDES/CAT

REDA KATEB/LE CHAUFFEUR DE TAXI

REDA KATEB/LE CHAUFFEUR DE TAXI

BARBARA STEELE/LA GRAND-MERE

BARBARA STEELE/LA GRAND-MERE

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
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"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!

Le blog attendait beaucoup d'une première réalisation de celui dont un nombre de cinéphiles ne cessent (à tort) de critiquer son jeu d'acteur quasi-mutique depuis "Drive" , le bien-nommé Ryan Gosling. Si certaines Stars, comme Angelina Jolie, s'attachent - au regard de leurs premières exécutions - à des adaptations de romans , Biopic voire remake plus qu'académiques et en rien innovateurs - dernier en date Bradley cooper pour "Une Star est née", à venir - Gosling fait partie de ces saltimbanques (le beau gosse est aussi chanteur, musicien, compositeur) a posséder une véritable veine artistique "imaginaire". Son "Lost River " se révèle une belle surprise, un OVNI à la fois désenchanté, poétique, mystique à l'image de son cinéaste fantaisiste.

Tel un conte chimérique teinté d'une noirceur mélancolique, l'histoire de cette mère/Hendricks et de son fils voulant survivre, envers et contre tout, dans une ville en perdition, permet au grand cinéaste, à en devenir, de développer une imagerie esthétique frôlant la perfection. Soucieux du moindre détail, sa fable se pare d'un visuel psychédélique où lumières et éclats plongent le spectateur dans une "inusitée" filmique que peu pourront comprendre, ni même ressentir.

Entre visions cauchemardesques et rêveries, ce conte urbain - dont on saisit rapidement les tenants et les aboutissants - demeure un objet cinématographique où sa narration se situe ailleurs. S'inscrivant dans un surréalisme romantique - le jeune Bones et sa petite amie Rat vont devoir briser une malédiction - "Lost River" trouve son essence dans une mise en scène "léchée", convoque une city crépusculaire, touchée par la crise économique où symboles, métaphysique, sensorialité nous renvoient à l'univers Refnien. Et si l'acteur/réalisateur rend un bel hommage à celui qui l'a inspiré (de son propre aveu) Nicolas Winding Refn, il serait beaucoup trop simpliste de n'y voir qu'un sublime copié/collé. "Lost River", sous influence, reste une oeuvre personnelle. Gosling réussit à nous balader dans ses souvenirs d'enfance, ses blessures, ses rêves où cartésiens et esprits analytiques n'y sont pas invités. Il faut juste se laisser porter par sa musique/mécanique envoûtante, parée pour certaines séquences d'un dédale d'images glauques voire gores se confrontant à une atmosphère post-apocalyptique voluptueuse. De par sa douce folie, chaque "scène", emplie d'une musicalité troublante, rattachée à un sentiment, une émotion, peut être fantasmée comme seul "moment", se détachant de celui à venir. Bizarrerie souhaitée, désirée, Gosling donne vie à un songe éveillé diaboliquement séduisant, effrayant et sensitif.

L'année 2015 demeure une année classique où peu d'oeuvres ont trouvé écho à mon âme rêveuse "dark". Malgré quelques faiblesses, "Lost River" risque de devenir mon gros coup de coeur. De son petit théâtre fantasmagorique, peuplé de freaks VIA des personnages touchants (brillant casting), Gosling a déclaré JE LE CITE "Je suis allé visiter Détroit et j'ai découvert un endroit, bien que désespéré, extraordinaire. Observer une maison détruite où seul un escalier déstructuré demeurait en place, m'a permis d'imaginer ce qu'il pouvait y avoir au-delà des marches". Et c'est là où la magie Goslienne déroule son atypie, sa "beauté" désincarnée.

"Lost River" trouve son écho en lui-même. Epousant tous les traits du songe sombre, hanté par des immeubles vides, d'usines en ruines face à une étrange cité engloutie au fond d'un lac, l'oeuvre demeure la désillusion du rêve américain et de destins brisés où la maestria onirique d'un cinéaste tente (tout de même) d'y percevoir un espoir; flirtant à la lisière du fantastique, ravivant - au passage - SES (NOS) utopies d'enfance. L'élève Gosling n'a pas encore dépassé le Maître danois Nicolas Winding Refn mais il osé, et peut être très fière de son petit bijoux "loufoque", rare, d'autant plus précieux !!!!

"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
RYAN GOSLING

RYAN GOSLING

"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!

"C'est un film sur le regard de deux adolescents qui croient qu'ils sont dans un conte de fée, qui ont besoin pour grandir de cette idée romantique, qu'il y a de l'espoir."

RYAN GOSLING

"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!

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"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

Publié le par Mina

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

"Inherent Vice" a été réalisé par Paul Thomas Anderson. Sortie en salle le 4 mars 2015.

JOAQUIN PHOENIX/LARRY "DOC" SPORTELLO

JOAQUIN PHOENIX/LARRY "DOC" SPORTELLO

JOSH BROLIN/LT CHRISTIAN F. "BIGFOOT" BJORNSEN

JOSH BROLIN/LT CHRISTIAN F. "BIGFOOT" BJORNSEN

KATHERINE WATERSON/SHASTA FAY HEPWORTH

KATHERINE WATERSON/SHASTA FAY HEPWORTH

JOANNA NEWSOM/SORTILEGE

JOANNA NEWSOM/SORTILEGE

OWEN WILSON/COY HARLINGEN

OWEN WILSON/COY HARLINGEN

BENICIO DEL TORO/SAUNCHO SMILAX ESQ

BENICIO DEL TORO/SAUNCHO SMILAX ESQ

REESE WITHERSPOON/PENNY KIMBALL

REESE WITHERSPOON/PENNY KIMBALL

HONG CHAU/JADE

HONG CHAU/JADE

MARTIN SHORT/DR RUDY BLATNOYD

MARTIN SHORT/DR RUDY BLATNOYD

L'ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu'elle est tombée amoureuse d'un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l'épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n'est pas si simple…
C'est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme "trip" ou "démentiel", "amour" est l'un de ces mots galvaudés à force d'être utilisés – sauf que celui-là n'attire que les ennuis.

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
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"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

"La croyance dans les bananes psychédéliques perdurait cependant, allègrement relayé par la presse underground qui se fendait d'articles érudits, diagramme à l'appui, comparant les molécules de la banane à celles du LSD, citant d'hypothétiques extraits de revues professionnelles indonésiennes sur des secteurs autochtones et ainsi de suite...." Si aux lecteurs (ices) du livre de Thomas Pynchon une mise en garde semble plus que nécessaire pour mettre (moi aussi) immergée dans son décryptage sous acide...du moins j'ai tenté !!! du bouquin au film il n'y a qu'une caméra voire un "Vice (talent) caché" : celui du manipulateur Paul Thomas Anderson !

LE VICE CACHE (INHERENT VICE) DE THOMAS PYNCHON JR

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

Thomas Ruggles Pynchon jr, né en 1937, - aux états-unis - est un écrivain américain connu avant tout pour son amour de l'absurde/érudition. De ce curieux mélange, il en ressort pour certains grands critiques littéraires, la patte "unique" d'un grand auteur.

Après l'arrêt de ses études d'ingénieurs, Thomas Pynchon se lance (en 57) dans des études de lettres faisant un court passage de deux ans dans l'U.S Navy. Il publie ( les années 50) quelques nouvelles et s'attache à l'écriture de 8 romans ( les années 60), faisant de lui : l'un des écrivains contemporains les plus commentés. De son refus de toute apparition publique et "photographique", Pynchon nourrit les rumeurs jusqu'au point où nombres de personnes s'interrogent sur sa réelle existence. On le surnomme "l'écrivain anonyme" !

Grand érudit et passionné entre autre des mathématiques, la littérature, la musique, la religion, la chimie, le cinéma... ses livres sont généralement difficiles d'accès; jugés pour certains de ses écrits comme "LArc en ciel de la gravité" : illisible, obscène et surécrit. En 1997, peu après l'apparition de son ouvrage "Mason et Dixon", il est traqué et filmé par CNN. Agacé par cette intrusion dans sa vie privée, il accorde une interview en échange d'une non-diffusion de photographies. Une critique dans le New-York Times Book Review le décrira comme une reclus vivant à Mexico. Il fera tout de même deux apparitions dans les années 2000 dans la célèbre série/culte "Les Simpsons" un sac en papier sur la tête. C'est la toute première fois que le monde entendra sa voix !!

Au-delà de son intérêt pour les sciences ou des thèmes tels que le racisme, l'impérialisme, la religion, Pynchon affectionne la dit "Basse culture" pour l'apposé à la "Haute culture" : son intérêt pour les comics, les dessins animés, la télévision, les mythes urbains, le cinéma et le folk art (art naïf) font de lui une des FIGURES MAJEURES du Post-modernisme (définition même d'effacement de hiérarchie entre culture élitaire et culture populaire : dans la littérature postmoderne, l'auteur pose un regard ludique dans la quête du monde chaotique. Le post roman révèle (pour la plupart des écrivains postmodernes une parodie de cette recherche) le besoin pour le dit auteur de privilégier le hasard à la technique et utilise ( au travers de son exécution littéraire) la métafiction pour saper le contrôle "univoque"; en plus clair : le contrôle d'une voix uniqu.

Se jouant des dictats propres à la célébrité, le phénomène PYNCHON soulève toujours des interrogations, de la fascination, de l'étrangeté pour l'oeuvre complexe de l'écrivain INVISIBLE !!!! (Wiki, Evène, New York Times - extraits -, Le cafard invisible, Télérama)

"Je crois que le mot reclus est un mot de code utilisé par les journalistes et qui signifie - qui n'aime pas parler aux reporters."

THOMAS PYNCHON Jr

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

En me plongeant dans la lecture du roman de Thomas Pynchon - l'écrivain "fantôme" - je m'attendais à une lecture complexe et bien que tous les chemins - sous "émanations de Hash" qu'emprunte sa plume "déliée" - tentent à nous perdre, l'intrigue principale est somme toute d'une simplicité relative, du moins dans les grandes lignes. De prime abord, l'auteur américain délivre - sur papier - un roman foisonnant, fort coloré, bavard, trop bavard où se côtoient des personnages déjantés. De cette première incursion dans l'univers de l'atypique écrivain, et pour peu que l'on affectionne les situations rocambolesques, on peut se délecter de son "imposant" regard érudit, encore faut-il avoir de sacrés références dans la culture américaine ! c'est là où la lectrice que je suis, a eu bcp de mal à s'y retrouver; faisant sans cesse des allers-retours pour essayer d'assimiler et d'analyser la mécanique "littéraire" psychédélique "pynchoniennne" !

Pynchon situe son récit à l'aube des années 70 où l'on suit un détective privé Doc Sportello - amateur de super/trips sous acide - enquêtant sur l'étrange disparition d'un millardaire/homme d'affaire, aidé pour l'occasion du flic "Bigfoot" (archétype du policier rigoriste) mais au final, peu importe la trame générale - la bien-nommée enquête - que ce soit Pynchon ou le lecteur (ice) comme le soulignerait mon cher co-blogueur Bond "on s'en bat le steak" ! cette dernière sert juste de prétexte à la vision voire la pré-vision d'un écrivain mettant en exergue une Amérique qui fleure bon la défonce à tout va, les chimères du beatnik rêvant de créer une philosophie basée sur la liberté de L'HOMME ET LA NATURE où le CAPITAL n'a plus lieu d'être face à une Amérique rongée par la guerre du Vietnam, le racisme... où se profile les disciples de la sainte religion "capitaliste" : nouveau système ultra-libéral, consumériste, "CONFORMISTE" achevé par internet CANCER de notre société moderne qui sous couvert d'une soi-disant ouverture vers L'AUTRE, l'isole et tente toujours et encore à l'abêtiser pour mieux le manipuler. JE CITE PYNCHON "Les sixties psychédéliques, cette petite parenthèse de lumière, risquaient de se clore après tout, et tout serait perdu, rappelé à l'obscurité" et c'est bien là que se trouve L'AME de "inherent Vice" : Ce vent de liberté - cet épisode d'insouciance - se meurt doucement, pour laisser "place" à des temps plus sombres. Au final, qui du Beatnik/Doc ou du cop/Bigfoot (meilleurs ennemis) restent le plus surpris, réalisant qu'ils sont du même côté de la barrière !

Bien que j'ai pu apprécier le "sel" de ce Vice caché, à savoir : l'humour méchamment décalé, l'absurdité des situations/dialogues, la galerie de doux/dingues dont Doc (personnage attachant), le constat quelque peu amer d'un monde "révolu" à l'aube d'un AUTRE, je me suis perdue dans les multiples digressions "péché mignon de Thomas Pynchon" . Non pas que ce genre d'exercice me rebute, bien au contraire mais à petite dose. Son livre en regorge à pagaille et "désunion" il y a ! La lecture devient, au fil des pages, ardue, méritant une attention de chaque instant. Peut-être n'ai-je tout simplement pas les "bonnes clefs" ou je n'appartiens pas au public "exigeant" (comme l'ont déclaré des critiques littéraires)) pour m'immerger totalement dans le "verbe" frénétique/tragique/délirant d'un génie. A lui, j'ai une nette préférence pour l'écrivain américain Cormac McCarthy ( figure - lui aussi - emblématique du postmodernisme) dont le style épuré, dépouillé de tous artifices où la solitude, la désolation, la violence radicale, la folie et la barbarie de l'homme, la relegion - thèmes récurrents chez McCarthy - m'ont ému, fasciné, hypnotisé à l'image de ses célèbres ouvrages "The Road", " Un enfant de Dieu" ou "No Country for Old Men" pour ne citer qu'eux.

Le "vice Caché" de Pynchon reste la première oeuvre littéraire de l'écrivain américain portée sur le grand écran. Jugée d'approche plus facile, Paul Thomas Anderson réussi l'impossible (du moins pour le blog) : dépassé le roman tout en respectant la folie, le chaos et l'intelligence du propos de l'écrivain/anonyme. Au livre, j'ai préféré le long-métrage du cinéaste !!!!

DANI OLIVIER (Photographe)

DANI OLIVIER (Photographe)

"INHERENT VICE" DE PAUL THOMAS ANDERSON

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

Si l'entreprise littéraire "verbeuse" de Thomas Pynchon a pu éprouver un nombre de lecteurs(ices), l'exécution cinématographique de Paul Thomas Anderson s'affranchit de ce babillage pour s'attacher en priorité à Doc Sportello, brillamment interprété par Joaquin Phoenix, en passe de devenir le MEILLEUR acteur contemporain ?!?! et se déleste (au passage) de quelques énergumènes chers à Pynchon. Joaquin Phoenix déclarera JE LE CITE "Si le scénario diffère ou allège l'intrigue ou les dialogues d'un certain nombres de choses, cela permet d'être nourri du récit originel, chargé d'un nombre de détails, notamment sur le personnage principal, qui ne figurent pas dans l'adaptation."

Et bien que Paul Thomas Anderson, de son propre aveu, livre une adaptation des plus fidèles, mettant en avant les thèmes principaux de l'ouvrage dont l'investigation d'un détective "embrumé" , branleur mais néanmoins charmant, la communauté hippie et ses rêves, les meurtres de Charles Manson, les magouilles financières, le trauma d'une guerre, l'aube d'une ère nouvelle, le cinéaste américain continue son incursion au coeur de la manipulation, du paranoïaque après "The Master" : ce dernier convoquait l'après-guerre où un gourou "Lancaster Dodd" dit le Maître, imposait un mode de vie sectaire au travers de sa propre quête personnelle "SON MOI", vivant en marge d'un (futur) monde ultra-capitaliste, et l'on retrouve cette fuite en avant dans "Inherent Vice" de protagonistes voulant échapper à cet effet de masse à venir. Peine perdue ! Une seule époque, deux temporalités.

Mais cette fois-ci, le gourou semble être Paul Thomas Anderson, et ACTEUR SOUS INFLUENCE, il y a : Joaquin devient le pantin/complice de l'intérêt de son réalisateur pour le contrôle : d'un retour en arrière, en juxtaposant ses personnages/prestations (Her, The Master, I'm Still Here) Doc - nouvelle figure - est en recherche (lui-aussi) d'une identité, naïvement incrédule face au monde qui l'entoure, cherchant inlassablement des réponses. Puis viendra la révélation, en toute fin.

A ceux et celles qui tentent (absolument) de comprendre les tenants et les aboutissants, je les invite à se laisser porter par la vague "hallucinogène"; il n'est pas nécessaire de vouloir (tout) assimiler, sauf la magistrale leçon de cinéma. De ce joyeux bordel, les références/hommages se mutiplient. La scène d'ouverture offre une image très hitchcockienne via une musique envoûtante - comme seul le grand maître du suspens aimait à utiliser - puis s'ensuivent des annotations à Howard Hawks et son "Grand Sommeil", "Le Faucon Maltais"... L'amour d'un cinéaste pour le cinéma (français) de la nouvelle vague dont les souffles de "L'année dernière à Marienbad" (Resnais) portent son exécution sur les gréements d'une mer californienne.

Le réalisateur américain multiplie des successions de plans, de scènes géniales et rend plus accessible cet espoir "utopique" couché sur papier Pynchonien. La voix off de Sortilège (personnage secondaire dans le roman, devenue narratrice dans le film : première infidélité) nous véhicule dans l'univers, cette fois-ci, enfanté par le réalisateur. Elle se joue (elle aussi) de Doc puis de NOUS via un temps erroné; le spectateur (perplexe) assiste à une scène de JOUR, cette dernière racontait par la "Belle" de NUIT (ou l'inverse, à revoir ???!!!) Manipulation il y a, une nouvelle fois ! Donc complexité, il y a. Tout comme Doc, sommes-nous dans une réalité ou tout simplement dans le délire d'un détective sous "fumette" aux prises - non pas avec l'oeuvre de Pynchon et encore que - mais bel et bien avec les manoeuvres d'un cinéaste ? Puis la dernière séquence soulève un question, deuxième entorse (et pas des moindres) au livre : si le film se clôture avec la scène où Doc et Sasha son ex-petite amie - "objet" de sa passion, d'un passé commun, du "je t'aime, moi non plus" - se retrouvent à bord de son véhicule, dans le roman, Doc demeure seul; accroché au volant, suivant les lueurs d'une autre voiture JE CITE " Que le brouillard se dissipe, et que, d'une manière ou d'une autre, il y ait cette fois-ci autre chose à la place". Enième manipulation de la part de PTA ??? Doc regarde les feux d'une voiture qui le suit via un décor de fond "appuyé", jette un dernier coup d'oeil à son rétro puis lance, en direction de la caméra "trompeuse" de son initiateur/PTA, un petit rictus au coin de la bouche "interrogateur" : Je suis bien dans un film et tout ceci n'est que pure illusion ??? !!! Smog, il y a !

Ce Vice Caché a un tel palier de lectures, de sous-lectures qu'il paraît nécessaire de le (re)visionner. Mon ressenti reste une des nombreuses relectures que l'on peut fantasmer. Suis-je dans l'erreur ? à vous de voir. Et j'aime à penser qu'au-delà de l'adaptation du polar de Pynchon, cette parenthèse "psychédélique" délivre le jeu d'un Joaquin Phoenix au diapason de son génie où un faiseur/initiateur d'histoires nous conte (à sa manière) la rencontre improuvable de l'Homme et du Monde !!!!

EXTRAIT

" Parfois dans la grisaille, la vue s'illuminait, ordinairement quand il fumait de l'herbe, comme si le bouton de contraste de la création avait été tripoté juste assez pour conférer à toutes choses un vague rayonnement, des poutours de lumière, et une promesse que la soirée allait d'une manière ou d'une autre virer à l'épopée."

PAUL THOMAS ANDERSON

PAUL THOMAS ANDERSON

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"
DEVIANTART

DEVIANTART

"Les perroquets de sa chemise commençaient maintenant à s’agiter et à battre des ailes, à glousser, voire à parler, encore que ça venait peut-être de la fumette."

INHERENT VICE (THOMAS PYNCHON - Extrait "Le Vice caché")

"INHERENT VICE/QUOI DE NEUF ANDERSON ????"

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