CRITIQUE DE 007BOND
Le suspens sera de courte durée, la réponse est clairement non ! Il est évident que la promesse est plus que vendeuse : des acteurs fameux du monde du cinéma, une esthétique léchée, une intrigue made in 90's ("Le Silence des Agneaux", "Seven"...) et des saisons futures qui devraient apporter du sang neuf dans le casting. Voilà la série de Nic Pizzolatto vendue par les critiques et les sériophiles. Au bout de huit heures, le constat est tout autre.
Si on peut pardonner le manque de rythme de certains épisodes et des cliffhangers assez pauvres pour attiser l'appétit du téléspectateur, "True Détective" fait preuve d'une insuffisance saisissante. Se la jouant tel un bulldozer, Pizzolatto nous rabâche son envie de créer un univers lourd de sens. Tout est sombre, grave et terne. Toi, petit spectateur, tu dois te sentir oppressé et malmené dans cette enquête viscérale. Si jamais tu as le malheur de l'oublier, le père castor de la philosophie pour les nuls, Matthew McConaughey, te rappellera, à la Dostoïevski, que la vie c'est moche...avec 2 ou 3 fuck par-ci par-là, pour maintenir le statut d'anti-héros bad-ass. Il est évident que j'appuie le trait, mais soyons clair : pourquoi depuis un certain "The Dark Knight" le cinéma et certaines séries se voient affublés d'une méta critique existentielle ? Nos deux protagonistes subissent le poids de la vie comme jamais, ils sont le 3/4 du temps figés dans la même expression, le maquillage abusant de rides et de gueules enfarinés (pour montrer le passage du temps). Mac le philosophe assaillie verbalement Harrelson, stéréotype de l'homme moderne à la recherche du bonheur, alcoolique et - mini spoiler, infidèle -. L'enquête (nous y reviendrons plus tard) est vite délaissée pour ces auscultations en voiture, leitmotiv de la série, où l'unique intérêt est de balancer le plus de pensées à la seconde, pour nous perdre dans une réflexivité, au départ bienvenue, puis lassante. Alors, vous vous rendez compte très vite que l'attrait majeur de "True Détective" est de suivre l'évolution de nos 2 héros, qui du pilote jusqu'au final, n'auront pas changé d'un iota; paradoxal ?
L'enquête vient-elle sauver mon faible intellect de ce trop plein de philosophie ? Et ben non, try again. On passe de "petits meutres entre amis" à grosse conspiration satanique; religion et pouvoir = un cocktail détonnant. Oui, sauf que c'est vu et revu et remâché, rabâché des milliards de fois. Le créateur et le réalisateur, Cary Fukunaga, en ont conscience et ne font rien pour élever le sujet. Pire, ils l'enterrent dans un final affligeant, empli de stéréotypes où - ENORME SPOILER, le méchant est un gros dégeulasse pédophile, maltraité par son père (qu'il embaume à la manière de Norman Bates), couchant avec sa demi-soeur (de ce j'ai compris) et qui est complètement perché, FIN DU SPOILER". Et je vous épargne le cheminement pour arriver à cette conclusion qui est des plus navrante. Face à ça, on se demande comment une telle série peut être autant plébiscitée pour son scénario. Comme si la critique oubliait des excellents "8mm" de Joël Schumarcher avec Nicolas Cage (toujours autant discrédité) ou dernièrement "Prisoners". Toute cette aigreur paraîtra, pour beaucoup, injustifiée ou désuète mais, elle me permet de me demander à quel niveau pouvons-nous être dupé, sous prétexte d'un esthétisme et d'une narration grave, pessimiste et oppressante. Ce paraître comme leurre de la coquille vide qui nous attend. Les journalistes hurlent (comme à chaque nouvelle série) à la meilleure série jamais créée. Et moi, je me demande encore pendant combien de temps la sauce pourra prendre !
Pour finir sur ce voyage douloureux : d'un point de vue purement sérielle, "True Détective" est juste moyenne. Hormis l'effet de guest, l'intrigue n'accroche pas et les personnages ne sont que des pantins "d'analyse du comportement humain". Seule la qualité du filmage restera, sans être hallucinante. D'un point de vue cinématographique, la série n'existe que comme un ersatz ou dans l'ombre d'autres films. Ni une bonne série, ni un bon long-métrage, alors pourquoi ai-je perdu 8 heures de mon temps ? Je me le demande encore !!!