Cormac McCarthy, né le 20 août 1933, a grandit au coeur du Tennessee, dans une famille aisée. Il prend le nom de "Cormac" porté par un roi irlandais. Tout d'abord il étudie les arts avant de s'engager dans l'US Air Force pour 4 ans. Son premier roman " Le gardien du verger" est publié en 1965 et reçoit un accueil chaleureux. Il continue avec "L'obscurité du dehors" puis viendront "Méridien de sang" en 85, "De si jolis chevaux" et "Des villes dans la plaine". Pour en arriver à "No Country For old Men" ( "non ce pays n'est pas pour le vieil homme" dont je vous conseille la lecture même si vous avez vu le film) adapté au cinéma par les frères Coen avec le magistral Javier Bardem ( voir ma critique). Le prix Pulitzer 2007 vient couronner "La Route" paru en 2006 et l'ensemble de son oeuvre. Basé la plupart du temps sur des faits historiques, le monde de McCarthy, au réalisme morbide et violent, très violent est truffé de dialectes. L'écrivain se refuse à écrire sur l'amour, sur le sexe mais préviligie surtout des personnages exclus, solitaires. On aime ou l'on déteste; pour ma part, je voue une admiration sans borne pour le fabuleux travail littéraire de cet écrivain atypique et pour ses "héros" fatigués, naviguant dans un univers désoeuvré !!!
CITATION
"IL N'Y A PAS DE VIE SANS COULEE DE SANG" Cormac McCarthy.
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"L'apocalypse a eu lieu. Le mode est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errrent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie".
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Difficile d'oublier "La Route", funeste errance de 2 individus, un homme et son enfant, dans monde "cendre", un monde "dévasté" par un cataclysme dont on ne connaîtra jamais la cause.
Arpentant une route, un homme et son fils (absence volontaire des "noms") essayent de survivre dans un paysage désolé où tout a brûlé et, où la faim - plus rien ne pousse sur cette terre désolée - justifie pour certains "les méchants" d'utiliser des moyens radicaux dont le cannibalisme. Alors difficile, dans ce chaos ambiant, de trouver de la nourriture, des vêtements et un endroit pour dormir, le danger étant omniprésent. Et pourtant le père avance, tient à préserver l'innoncence de son enfant ( malgrè l'horreur ), 1ère victime de cet univers apocalyptique "jonché" de ruines, de déchêts, de cadavres d'humains, d'animaux puis espère qu'au bout de cette douloureuse route - vers le sud, la mer - "l'Avenir" pourra, à nouveau, y inscrire toutes ses lettres !
Cormack McCarthy, dans la continuité de "No Country for old men", utilise un "phrasé" minimaliste, austère, dépouillé, sec; où les dialogues, réduits à leur strict minimum, renforçent cette atmosphère oppressante, lugubre mais non-dénuée d'espoir et avant tout d'amour : l'amour d'un père pour son fils; certains lecteurs y ont vu de la parano, même de la perversion au travers de cet individu. Quant à moi, grâce au talent de McCarthy et de sa plume "acide" trempée de noirceur ( que j'affectionne tout particulièrement), j'ai pu, bien au contraire, ressentir tout le désarroi puis toute l'émotion, plus que palpable, de ces 2 êtres qui transparaît tout au long du roman.
"La Route" est un Chef-d'Oeuvre littéraire "noir", une poésie "philosophique" crépusculaire où personne n'en ressort vraiment indemne : espérons qu'aucun d'entre nous, dans un avenir proche ou lointain, n'aura à emprunter "la route" de McCarthy !!!
EXTRAITS
" les jours se traînaient sans date ni calendrier. Le long de l'autoroute au loin, de longues files de voitures carbonisées en train de rouiller... Perchés sur les ressorts nus des sièges, les cadavres incinérés et rapetissés de la taille d'un enfant... Ils continuaient. Marchant sur le monde mort comme des rats tournant sur une route. Les nuits d'une quiétude de mort et plus mortellement noires. Si froides. Ils parlaient à peine. Il toussait sans cesse et le petit le regardait cracher du sang. Marcher le dos voûté. Sale, en haillons, sans espoir. Il s'arrêtait et s'appuyait contre le caddie et le petit continuait puis s'arrêtait et se retournait et l'homme levait les yeux en pleurant et le voyait là-debout sur la route qui le regardait du fond d'on ne sait quel inconcevable avenir, étincelant dans ce désert comme un tabernacle".
" Aucune liste de choses à faire. Chaque jour en lui- même providentiel. Chaque heure. Il n'y a pas de plus tard, plus tard c'est maintenant."
" On n'est pas des survivants, on est des morts vivants dans un film d'horreur".
" Sur cette route il n'y a pas d'hommes du verbe; ils sont partis et m'on laissé seul. Ils ont emporté le monde avec eux..."
" Rares étaient les nuits, où allongé dans le noir, il n'avait envié les morts".
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JOHN HILLCOAT
VIGGO MORTENSEN/LE PERE
KODI SMIT-McPHEE/LE FILS
ROBERT DUVALL/LE VIEIL HOMME
CHARLIZE THERON/LA MERE
GUY PEARCE/LE VETERAN
"The Road" ( La Route) sortira sur nos écrans en décembre 2009, espérons que John Hillcoat a su retransmettre, sur le grand écran, l'oeuvre ténébreuse de McCarthy : verdict le 2 décembre 2009 !!!
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