"LA RIVIERE DESENCHANTEE DE GOSLING" !!!!
"Lost River" a été réalisé par Ryan Gosling. Sortie en salle le 8 avril 2015.
Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.
Le blog attendait beaucoup d'une première réalisation de celui dont un nombre de cinéphiles ne cessent (à tort) de critiquer son jeu d'acteur quasi-mutique depuis "Drive" , le bien-nommé Ryan Gosling. Si certaines Stars, comme Angelina Jolie, s'attachent - au regard de leurs premières exécutions - à des adaptations de romans , Biopic voire remake plus qu'académiques et en rien innovateurs - dernier en date Bradley cooper pour "Une Star est née", à venir - Gosling fait partie de ces saltimbanques (le beau gosse est aussi chanteur, musicien, compositeur) a posséder une véritable veine artistique "imaginaire". Son "Lost River " se révèle une belle surprise, un OVNI à la fois désenchanté, poétique, mystique à l'image de son cinéaste fantaisiste.
Tel un conte chimérique teinté d'une noirceur mélancolique, l'histoire de cette mère/Hendricks et de son fils voulant survivre, envers et contre tout, dans une ville en perdition, permet au grand cinéaste, à en devenir, de développer une imagerie esthétique frôlant la perfection. Soucieux du moindre détail, sa fable se pare d'un visuel psychédélique où lumières et éclats plongent le spectateur dans une "inusitée" filmique que peu pourront comprendre, ni même ressentir.
Entre visions cauchemardesques et rêveries, ce conte urbain - dont on saisit rapidement les tenants et les aboutissants - demeure un objet cinématographique où sa narration se situe ailleurs. S'inscrivant dans un surréalisme romantique - le jeune Bones et sa petite amie Rat vont devoir briser une malédiction - "Lost River" trouve son essence dans une mise en scène "léchée", convoque une city crépusculaire, touchée par la crise économique où symboles, métaphysique, sensorialité nous renvoient à l'univers Refnien. Et si l'acteur/réalisateur rend un bel hommage à celui qui l'a inspiré (de son propre aveu) Nicolas Winding Refn, il serait beaucoup trop simpliste de n'y voir qu'un sublime copié/collé. "Lost River", sous influence, reste une oeuvre personnelle. Gosling réussit à nous balader dans ses souvenirs d'enfance, ses blessures, ses rêves où cartésiens et esprits analytiques n'y sont pas invités. Il faut juste se laisser porter par sa musique/mécanique envoûtante, parée pour certaines séquences d'un dédale d'images glauques voire gores se confrontant à une atmosphère post-apocalyptique voluptueuse. De par sa douce folie, chaque "scène", emplie d'une musicalité troublante, rattachée à un sentiment, une émotion, peut être fantasmée comme seul "moment", se détachant de celui à venir. Bizarrerie souhaitée, désirée, Gosling donne vie à un songe éveillé diaboliquement séduisant, effrayant et sensitif.
L'année 2015 demeure une année classique où peu d'oeuvres ont trouvé écho à mon âme rêveuse "dark". Malgré quelques faiblesses, "Lost River" risque de devenir mon gros coup de coeur. De son petit théâtre fantasmagorique, peuplé de freaks VIA des personnages touchants (brillant casting), Gosling a déclaré JE LE CITE "Je suis allé visiter Détroit et j'ai découvert un endroit, bien que désespéré, extraordinaire. Observer une maison détruite où seul un escalier déstructuré demeurait en place, m'a permis d'imaginer ce qu'il pouvait y avoir au-delà des marches". Et c'est là où la magie Goslienne déroule son atypie, sa "beauté" désincarnée.
"Lost River" trouve son écho en lui-même. Epousant tous les traits du songe sombre, hanté par des immeubles vides, d'usines en ruines face à une étrange cité engloutie au fond d'un lac, l'oeuvre demeure la désillusion du rêve américain et de destins brisés où la maestria onirique d'un cinéaste tente (tout de même) d'y percevoir un espoir; flirtant à la lisière du fantastique, ravivant - au passage - SES (NOS) utopies d'enfance. L'élève Gosling n'a pas encore dépassé le Maître danois Nicolas Winding Refn mais il osé, et peut être très fière de son petit bijoux "loufoque", rare, d'autant plus précieux !!!!
"C'est un film sur le regard de deux adolescents qui croient qu'ils sont dans un conte de fée, qui ont besoin pour grandir de cette idée romantique, qu'il y a de l'espoir."