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"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

Publié le par Mina

"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!
"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

Pour être honnête jusqu'à l'achat du livre "Psychanalyse des contes de fées", je ne connaissais pas son auteur Bruno Bettelheim mais étant très intéressée (à mon petit niveau) par la psychanalyse et tout ce qui en découle (l'exploration de son inconscient) puis ma fascination toute particulière pour les contes de fées et ce qu'ils renferment véritablement, je suis partie à la découverte de cet analyste décrié par certains de "psychanalyste autodidacte" : quelque peu tyrannique (maltraitance envers les patients) et aux idées rigoristes.

Bruno Bettelheim est né à Vienne en 1903 (le 28 août 1903). Issu d'une famille juive, il se dirige tout d'abord dans des études de lettres réussies; mais après des soucis familiaux dont des problèmes conjugaux et la mort de son père, le jeune homme - intéressé depuis toujours par les psychoses enfantines - se forme auprès des psychanalistes de l'Ecole de Vienne où il est lui-même analysé par un disciple direct de Sigmund Freud. C'est l'un des derniers juifs a obtenir un doctorat en philosophie à l'université de Vienne (où est conservée sa thèse) avant d'être arrêté par la Gestapo en 1938 (il a 35 ans) puis déporté à Dachau et ensuite à Buckenwald. Son emprisonnement dans ces camps de l'horreur l'aidera (si je peux m'exprimer de la sorte) à étudier le comportement humain face à des situations - innommables - extrêmes, ressenties par les déportés comme radicalement destructrices. Libéré en 1939, il émigre aux Etats-Unis et délivre une analyse de son expérience dans les camps de concentration. Grâce aux travaux d'Anna Freud ( "L'identification de l'agresseur"), de sa captivité transformée en terrain d'observation - pour ne pas sombrer - il écrit sur les phénomènes psychologiques, au sein des camps de détention, entre les prisonniers et leurs tortionnaires. Le général Einsenhower fera lire l'analyse de Bettelheim à tous ses officiers, cette dernière établissant un parallèle avec celles, qui selon lui, sont à l'origine de l'autisme. Cette étude sera complétée (plus tard) par la parution d'un livre "Le coeur conscient" : le comportement de masse et individuel dans les cas d'intense détresse.(nouvelle lecture en prévision)

Il enseigne, par la suite, dans un institut à l'université de Chicago qu'il réforme et qui devient une école se consacrant essentiellement aux enfants émotionnellement perturbés : des thérapies sont mises en place, traitant l'autisme et les désordres psychotiques. Se mettant dans le contexte d'une époque (1944) où l'autisme est considéré comme un simple cas de folie avec des lobotomisations, pour seul (faux) traitement. Bruno Bettelheim essaye d'imposer une autre vision de cette pathologie : il prend l'inverse de ce qu'il a vécu dans les camps de détention. Si un environnement extérieur nocif peut faire régresser des personnes vers l'autisme, en sens inverse dans un milieu stable dit "maternel" ces mêmes personnes peuvent évoluer et s'extérioriser. Grâce à la transmission de sa Méthode et les traitements qui en découlent, un nombre de parents désoeuvrés ont trouvé une écoute...un espoir.

De toutes ses expériences, Bruno Bettelheim publie de nombreux ouvrages dont les essentiels s'attachent aux troubles psychotiques et autistes. Face à la perte de sa femme, redoutant la dégradation de sa santé et ne trouvant plus aucun sens à son existence, le psychologue se donne la mort en 1990. Après sa disparition, son travail est remis en question dont sa personnalité : certains psychanalystes comme Kenneth Colby déclarera " un vrai salaud, un des pires individus que la psychanalyse aie jamais produit". En 1998, un frère d'un patient autiste, Richard Pollack dénonce les méthodes appliquées par le célèbre pédagogue, l'accusant d'être un manipulateur, mythomane et despotique, et sous couvert de puissants soutiens financiers et médiatiques, ses détracteurs sont réduits au silence. Son livre "Psychanalyse des rêves" est lui-aussi sujet à controverse : dénoncé par un anthropologiste Alan Dundes affirmant que l'ouvrage de Bettelheim n'est qu'un simple plagiat d'un autre livre écrit par Juliuis E. Heusher. Ce dernier, à contrario, estime qu'il n'est point question de plagiat. Alan Dundes reproche au psychologue de ne pas citer les auteurs de ses éventuels emprunts à leurs thèmes ou à leurs idées. (Wiki, Evène, Signes et Sens "L'apport de Bruno Bettelheim dans la psychanalyse")

Dans une tribune chez libération, Nina Sutton (journaliste) s'interpose contre l'acharnement de Monsieur Pollack. Devenue Biographe de Bruno Bettelheilm JE LA CITE (face aux maltraitances infligés par le célèbre psychologue) ...Cette longue enquête m'a fait aussi comprendre qu'une claque affligée au bon moment fait moins de ravage qu'une phrase fielleuse qui vous hante encore pendant 20 ans après, qu'un bon parent, c'est celui qui permet à son enfant de se construire quitte à se rendre antipathique. Bref, la fréquentation de cet homme dérangeant et pas politiquement correct m'a donné une leçon de vie....C'était un homme, avec toutes les faiblesses d'un être humain. Son génie, c'est justement d'avoir su utiliser son douloureux passé pour aider des enfants qui souffraient à choisir la vie. Faites-en autant !". De rajouter, chacun et chacune se fera son propre jugement ( Libération " Bettelheim : pourquoi cette haine ? Nina Sutton)

"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

"Les parents ne doivent pas s'adonner à créer l'enfant qu'ils voudraient avoir mais, au contraire, l'aider à devenir ce qu'il est en puissance, à épanouir ses potentialités."

BRUNO BETTELHEIM (Pédagogue et Psychologue)

"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

« Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »

BRUNO BETTELHEIM

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"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

Saviez-vous que l'un des contes les plus célèbres "Cendrillon" avait fait l'objet de plusieurs versions dont les toutes premières datent de l'antiquité puis l'Asie ? retranscrite au IIIe siècle par Elien le sophiste (historien et orateur romain de langue grecque), mettant en scène une jeune grecque envoyée en Egypte comme esclave. Un jour, un aigle lui vole une de ses pantoufles alors qu'elle prend un bain. L'oiseau laisse tomber la pantoufle au pied du beau pharaon... le reste de l'histoire, tout le monde la connaît. Pour la version asiatique, tirée d'un recueil de contes chinois du IXème siècle, la trame (à quelques différences près) retrouve la même essence. En 2015, ces fables - pour un nombre de parents - semblent plus que démodées voire désuètes, de plus, trop cruelles. Cette violence ne plaît pas (je l'ai constaté aussi dans mon propre entourage), le climat malsain dérange certains(es), préférant narrer de gentillettes histoires. Et pourtant, la vision et le ressenti des bambins s'avèrent différents : Ce qui semble réel au regard d'un enfant ne retrouve pas la même résonance chez l'adulte. En découvrant le livre de Bruno Bettelheim, le thérapeute démontre que ces fables, du temps jadis, ont des bienfaits thérapeutiques sur le développement psychique de nos enfants. Loin de traumatiser le très jeune lecteur, les contes de fées répondent à ses angoisses, le rassurant et l'informant des épreuves à venir.

Les contes de fées m'ont toujours fasciné, l'un de mes préférés étant "Alice au Pays des Merveilles" et sa suite "De l'autre côté du miroir" (futur billet sur le blog; roman destiné à l'adulte au départ), et bien que les "Il était une fois" soient loin derrière moi, c'est avec délectation que je me suis plongée dans la "Psychanalyse des contes de fées" de Bruno Bettelheim : pas évidente aux premiers abords mais enrichissante à l'arrivée.

Divisé en deux parties "Utilité de l'imagination" et "Utilité de l'enchantement" - théorie et pratique - le psychologue délivre dans son introduction LA LUTTE pour donner un sens à la vie. De son regard JE LE CITE "Si nous voulons être conscients de notre existence au lieu de nous contenter de vivre au jour le jour, notre tâche la plus urgente et la plus difficile consiste à donner un sens à la Vie." Alors peu importe que vous ayez des enfants ou pas - nous l'avons tous(es) été - Bruno Bettelheim nous amène à réfléchir sur les significations des contes de fées en délivrant une analyse pertinente puis en décortiquant minutieusement les fables légendaires devenues universelles; ces dernières tentent à expliquer les interrogations et les maux INTERIEURS de l'enfance. Il vous faudra oublier, à "l'entrée" de votre lecture, vos souvenirs de l'âge tendre : la magie et l'enchantement n'étant pas le but recherché de cette observation, visant essentiellement la psychanalyse. Le pédagogue/psychologue convoque le Psyché infantile et sa construction d'où le passage (obligé) de la phase dite oedipienne. Le complexe d'Oedipe/complexe d'Electre (Carl Gustav Jung) demeure la FIGURE REFERENCE de l'exposé du pédagogue VIA les récits de Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle et la Bête. Parfait exemple du complexe d'Electre : attirance Fille/père louable, du moment où la jeune femme déplace son amour/désir paternel pour un autre représentant/partenaire masculin, le Prince Charmant... le Petit Chaperon Rouge dont cette phrase de Charles Dickens (apposé au titre du livre de Bettelheim) "Le Petit Chaperon rouge a été mon premier amour. Je sens que, si j'avais pu l'épouser, j'aurais connu le bonheur" : ce conte offre une double-figure de L'homme (le chasseur)/image paternel "rassurante", l'homme (le loup)/image séductrice.... Bruno Bettelheim évoque (aussi) les rapports rivalité/fraternelle chez les enfants, l'utilité de l'imaginaire, la peur du fantasme, du mensonge et livre des réponses précises, largement illustrées, argumentées.

Ce livre passionnant et instructif fait toujours objet de controverse. Pour ma part, cette psychanalyse des contes de fées - tablée essentiellement sur les fables de Perrault et des frères Grimm - délivre un MESSAGE à la symbolique très forte et riche de sens pour notre construction psychologique : la légende d'antan n'est pas (seulement) porteuse d'une vision enchanteresse telle que les parents désirent la narrer - elle ne l'est pas - mais prépare leurs enfants à surmonter les déceptions et difficultés. En fantasmant son INCONSCIENT, le conte de fée propose des ouvertures sur l'imaginaire de l'enfant , lui offrant les outils pour son FUTUR. Ce dernier doit être encouragé dans cette aventure littéraire enfantine où les chimères invoquent une force, une sécurité, un courage et non une faiblesse. le parent, acceptant cet état de fait, rassure sa progéniture et le conforte en légitimant, approuvant ses expérimentations personnelles et intérieures. Comme le souligne Bettelheim JE LE CITE "Les contes de fées ont pour caractéristique de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. L'enfant peut ainsi affronter ces problèmes dans leur forme essentielle, alors qu'une intrigue plus élaborée lui compliquerait les choses. Le conte de fées simplifie toutes les situations.....Tous les personnages correspondant à un type; ils n'ont rien d'unique...Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des histoires modernes pour enfants, le mal, dans les contes de fées, est aussi répandu que la vertu...Les personnages des contes de fées ne sont pas ambivalents...chaque personnage est tout bon ou tout méchant." Le MAL n'est donc pas réprimé mais bien représenté. Le conte se révèle être un excellent guide à l'évolution psychologique de l'enfant, lui permettant d'acquérir LES CLEFS afin d'extérioriser ses frayeurs et le préparer - dans la phase/adolescence - à un monde beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Exemple à l'appui, les fables démarrent le plus souvent par la mort d'un parent : Bruno Bettelheim dénonce nos gentillettes "historiettes" modernes. De son point de vue, le traitement des soucis existentiels de l'humain qu'aborde le conte de fées (le deuil, la vieillesse, la cruauté...) JE LE CITE "...sous une forme symbolique...le conte convoque carrément l'enfant en présence de toutes difficultés fondamentales de l'homme". Le très jeune lecteur n'a nul besoin d'être protégé, bien au contraire, il faut l'amener - en toute sécurité - vers la maturité. Partant ce point de vue (auquel j'adhère), le conte de fée dissipe, évacue la peur VISCERALE que nous nous faisons de la mort, entre autre. Et n'oublions jamais que nos chères têtes blondes ont un besoin de cultiver leur imaginaire - à la fois violent et enchanteur - en mettant des mots sur CES peurs que NOUS, les adultes, nous nous efforçons (à tort) de leur cacher : le conte de fée, emplie de monstres, de sorcières, de belle-mères tyranniques, de gentils, de méchants... reste une ETAPE INDISPENSABLE, permettant au gamin de projeter ses propres conflits/terreurs intérieurs sur ses personnages/héros légendaires.

Les apparences sont souvent trompeuses ! ludiques et oniriques, les contes de fées renferment des propos perspicaces tout comme l'analyse de Bruno Bettelheim ! il suffit juste de savoir lire, entre les lignes, les multiples langages/lectures qu'ils contiennent : souvent riches de vérité !!!!

"Les contes de fées disent la vérité, non pas parce qu'ils prétendent que les dragons existent, mais parce qu'ils affirment que les dragons peuvent être vaincus."

G.K CHESTERTON (écrivain anglais)

LITHOGRAPHIES (BENJAMIN LACOMBE/ILLUSTRATEUR FRANCAIS - NICOLETTA CECCOLI/ILLUSTRATRICE ITALIENNE)
LITHOGRAPHIES (BENJAMIN LACOMBE/ILLUSTRATEUR FRANCAIS - NICOLETTA CECCOLI/ILLUSTRATRICE ITALIENNE)LITHOGRAPHIES (BENJAMIN LACOMBE/ILLUSTRATEUR FRANCAIS - NICOLETTA CECCOLI/ILLUSTRATRICE ITALIENNE)

LITHOGRAPHIES (BENJAMIN LACOMBE/ILLUSTRATEUR FRANCAIS - NICOLETTA CECCOLI/ILLUSTRATRICE ITALIENNE)

EXTRAITS/PSYCHANALYSE DES CONTES DE FEES

"Au début de l'histoire des frères Grimn, la mère de Blanche-Neige se pique le doigt, et trois gouttes de sang tombent sur la neige. Les problèmes que l'histoire se charge de résoudre sont bien posés : l'innocence sexuelle, la blancheur, fait contraste avec le désir sexuel, symbolisé par le sang rouge. Le conte prépare la petite fille à accepter ce qui, autrement, serait un événement bouleversant : le saignement sexuel, la menstruation et, plus tard, la rupture de l'hymen. En écoutant les permières phrases de "Blanche-Neige", l'enfant apprend qu'une petite quantité de sang est la condition première de la conception : ce n'est qu'après ce saignement que naît un enfant. Ici, donc, le saignement (sexuel) est étroitement relié à un "heureux événement"; le jeune auditoire apprend, sans explications superflues que, sans le saignement, aucun enfant, pas même lui, ne pourrait naître."

"Pour comprendre son vrai Moi, il faut se familiariser avec les mécanismes internes de l'esprit. Pour bien fonctionner, il faut intégrer les tendances contradictoires inhérentes à notre être. L'une des façons dont les contes de fées nous aident à voir et, ainsi, à mieux appréhender ce qui se passe en nous, consiste à isoler ces tendances et à les projeter dans des personnages différents.."

"Pour pouvoir régler les problèmes psychologiques de la croissance (c'est à dire surmonter les déceptions narcissiques, les dilemmes oedipiens, les rivalités fraternelles...affirmer sa personnalité, prendre conscience de sa propre valeur et de ses obligations morales), l'enfant a besoin de comprendre ce qui se passe dans son être conscient et, grâce à cela, de faire face également à ce qui se passe dans son inconscient. Il peut acquérir cette compréhension non pas en apprenant rationnellement la nature et le contenu de l'inconscient, mais en se familiarisant avec lui, en brodant des rêves éveillés, en élaborant et en ruminant des fantasmes issus de certains éléments du conte qui correspondent aux pressions de son inconscient...C'est ici que l'on voit la valeur inégalée du conte de fées : il ouvre de nouvelles dimensions à l'imagination de l'enfant que celui-ci serait incapable de découvrir seul. Et, ce qui est encore plus important, la forme et la structure du conte de fées lui offrent des images qu'il peut incorporer à ses rêves éveillés et qui l'aident à mieux orienter sa vie."

"Le conte de fées, tout en divertissant l'enfant, l'éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité. Il a tant de signification à des niveaux différents et enrichit tellement la vie de l'enfant qu'aucun autre livre ne peut l'égaler...Le plaisir et l'enchantement que nous éprouvons quand nous nous laissons aller à réagir à un conte de fées viennent non pas de la portée psychologique du conte mais de ses qualités littéraires. Les contes sont en eux-mêmes des oeuvres d'art. S'ils n'en étaient pas, ils n'auraient pas un tel impact psychologique sur l'enfant."

"LES CONTES DE FEES : LE CA, LE MOI ET LE SURMOI" !!!!

"Je progresserai d'autant mieux que vous m'autorisez à régresser."

BRUNO BETTELHEIM

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