"HANSEL ET GRETEL/ DESESPERANCE ENFANTINE" !!!!
"Hansel et Gretel" a été réalisé par Pil-Sung Yim. Sortie en salle le 27 décembre 2007.
Sur une route de campagne, Eun-soo est victime d'un accident de voiture, perd connaissance et se réveille perdu dans la forêt. Il y rencontre une mystérieuse jeune fille qui l'entraîne dans une maison digne d'un conte de fée, couverte de fleurs et de dentelles. Mais très vite, Eun-soo n'est plus l'hôte, mais le prisonnier de la jeune fille et de ses frère et soeurs. Eun-soo croit découvrir un moyen de s'enfuir en découvrant un très vieux livre de contes, mais la réalité dépasse la fiction, et ce qu'il lit dans ce livre n'est rien d'autre que ce qu'il est en train de vivre...
Pour démarrer la nouvelle année 2015 quoi de mieux qu'un excellent film Made in Corée du Sud - petite rétrospective de 2007 - magnifiant le 7ème Art comme elle seule sait l'exécuter : possédant les clefs cinématographiques à la fois envoûtantes et cruelles, à l'image de cet "Hansel et Gretel" ! Mais ne vous fiez pas au titre, si la référence au célèbre conte des frères Grimm - réécriture du Petit Poucet de Charles Perrault - demeure une captivante inspiration, l'entreprise de Pil-Sung Yim a peu de lien avec la célèbre fable !
Eun-Soon - après un accident de voiture - se retrouve (perdu) dans une forêt où il rencontre une mystérieuse jeune fille qui le mène à l'orée du bois au coeur de son charmant foyer : une maisonnée digne d'un conte de fées, habitée par ses parents (en apparence) accueillants ainsi que de son frère et sa petite soeur. Après une première nuit compensatrice - les maîtres des lieux ayant étrangement disparus - le jeune homme reste coincé avec leurs curieuses progénitures. D'invité, il va devenir l'otage des jeunes occupants.
Il ne faut guère que quelques secondes, dès l'arrivée du jeune homme, pour comprendre qu'une singulière ambiance règne : point de maison en pain d'épice ni de méchante sorcière mais un lieu atypique, acidulé, peuplé de tableaux à la physionomie animale (dérangeante), de jouets où les sourires - trop forcés pour être honnêtes - le stress évident des parents puis l'abondance de bonbons et gâteries sucrées cachent de sordides secrets. Eun-Soon essaye (à plusieurs reprises) de fausser compagnie à ses envahissants hôtes mais il découvre que la forêt, vrai labyrinthe, (rôle inter-changé, il devient Hansel et Gretel ) le ramène à son point de départ : la maisonnée ! Pour s'en échapper, Eun-Soon - doit percer le MYSTERE de cette dernière. Petit à petit, le cinéaste sud-coréen distille un malaise de plus en plus oppressant, pesant où le jeu vicieux des trois jeunes protagonistes interpelle le spectateur. Entremêlant le conte fantastique pour adulte, l'imaginaire chimérique, Yim va mettre en exergue les traumatismes psychologiques de l'enfance ainsi que les questionnements puis les peurs du héros principal, futur père (précision notable). Visuellement magnétique et enchanteur, sous couvert de décors féeriques (bel hommage au cinéma de Burton) c'est bien le SOMBRE et la NOIRCEUR qui nous donnent rendez-vous. Le réalisateur délivre un conte macabre, maléfique empreint d'un zeste d'horreur; mais cette dernière se trouve là où on ne l'attend pas, cédant sa place à une vibrante émotion : la détresse "violente", signe (et réponse) révélateur des maux d'une enfance meurtrie !
A la fois onirique, enchanteresse, mystérieuse, cruelle, surprenante et touchante, l'oeuvre cinématographique - esquisse "chamarrée" picturale - de Pil-Sung Yim revisite avec brio les allégories de l'âge tendre où le talent des principaux acteurs brille. Des trois jeunes visages angéliques (à la limite de l'effrayant), les angoisses enfantines et cauchemardesques demeurent le thème central de cet "Hansel et Gretel", tout comme l'âme du récit des célèbres frères Grimn : des enfants - en demande - en quête (éperdue) d'un adulte qui saura les chérir !!!!
"Plus fait douceur que Violence."