"BOYHOOD OU LE DELICAT PASSAGE DE L'ENFANCE A CELUI D'ADULTE" !!!!
"Boyhood" a été réalisé par Richard Linklater. Sortie en salle le 23 juillet 2014.
Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte...
"Le temps est une lime qui travaille sans bruit." ce proverbe italien résume parfaitement la plongée temporelle de "Boyhood" !
Qualifier de chef-d'oeuvre le long-métrage du cinéaste Richard Linklater serait peut-être pas le qualificatif approprié mais une douce et nostalgique mélancolie du temps qui passe, certainement. Prenant le choix audacieux de filmer la vie d'un enfant, pendant plus d'une douzaine d'années, jusqu'à l'âge adulte était le pari un peu fou d'un réalisateur; devenir le témoin des changements physiques et émotionnels de ce garçonnet de 6 ans ainsi que son vieillissement naturel et celui de ses parents, ne pouvaient qu'intriguer puis émouvoir. Linklater a déclaré, en 2002, vouloir débuter le tournage d'un film narrant la relation Parent/enfant qui suit un bambin sur une certaine période, de son enfance à son entrée universitaire. Son choix se porte sur le jeune acteur Ellar Coltrane (7 ans au moment du démarrage) qui continuera à habiter de ses frêles épaules son personnage jusqu'à la fin de ces 12 années. Et c'est là le véritable intérêt du film !
Au départ sur le papier, il n'y a rien d'extraordinaire à suivre le parcours ordinaire d'un gamin mais le vivre en temps réel sur le grand écran noir est une première. Tous les passages obligés d'une simple existence font la richesse de Boyhood : les anniversaires, les disputes, les rentrées et prix scolaires, les déménagements, les premiers émois amoureux m'ont ramené sans cesse aux miens, aux vôtres. Sur fond d'un portrait familial, le cinéaste américain met non seulement en exergue tous ces non-événements mais aussi l'évolution de notre société moderne : les musiques, les technologies, la mode vestimentaire, les films avec pour lien la saga "culte" Harry Potter....des milliers de petits détails qui font partie intégrante de cette famille à laquelle on s'attache et il ne peut en être autrement : nous partageons toutes leurs joies, leurs souffrances puis les questionnements, les déceptions, les incertitudes de Mason. Et lorsque le jeune homme nous quitte à l'aube de l'âge de raison, nous n'avons qu'une seule question en tête : que va-t-il devenir ? Douze ans c'est long et si court à la fois !
De ce concept original, la force de Boyhood tient aussi sur sa distribution : si Ellar Coltrane est LA révélation du long-métrage, les parents Ethan hawke et surtout Patricia Arquette forcent le respect. En tant que mère, je me suis totalement identifiée à cette femme sur qui (aussi) le temps laisse ses marques. Ce n'est jamais facile d'élever un enfant ! si l'apprentissage de la vie est un long stress fébrile, le métier de maman l'est tout autant, ne s'apprend pas dans des livres ! il se vit au jour le jour : un vrai parcours du petit combattant miné d'erreurs, de failles et nous en avons toutes (et tous) comme cette mère (ce père), espérant offrir le meilleur. Plus dur sera LE MOMENT où il faudra couper le symbolique cordon. Patricia Arquette - l'antistar à des millions de lumière des plastiques factices des actrices américaines -délivre une composition criante de vérité, de naturel et de justesse.
Naître, grandir, apprendre, aimer, mourir, tel est le destin de tout à chacun, le mien, le vôtre, celui du jeune Mason. Croire à ses rêves d'enfant et les voir, peut-être (sûrement), jamais se réaliser demeurent la résultante du chemin que nous empruntons tous et toutes. Plus délicat sera le réveil, Mason est juste le reflet de notre propre miroir; une enfance révolue aussi joyeuse que désespérée à l'image des fragiles ellipses "filantes" de Boyhood : émouvant boulevard d'une destinée classique signée Richard Linklater !!!!
" Devenir adulte, c'est aussi se rendre à l'évidence, lâcher ses rêves d'enfant pour se laisser menotter par la réalité."