"DANS LES YEUX D'ELIJAH WOOD" !!!!
"Maniac" a été réalisé par Franck Khalfoun. Sortie en salle le 2 janvier 2013.
A Los Angeles, un tueur (en quête de scalps) recherche des victimes pour recréer sa mère décédée quelques années auparavant. (FILM INTERDIT AU MOINS DE 16 ANS)
"Maniac" est le remake d'un film réalisé en 1980 par William Lustig; n'ayant pas vu ce dernier (seulement quelques extraits) mais connaissant sa sulfureuse réputation, je me suis confortablement installée pour plonger "tête première" dans les désordres psychotiques d'un timide scalpeur ! Depuis quelque temps, la machine hollywoodienne (en panne d'imagination) semble vouloir remettre au goût du jour les plus marquants long-métrages horrifiques des années 70/80 (heures de gloire pour le genre). Si nombre de remakes se contentent d'être de fadasses copies, le nouveau long-métrage de Franck Khalfoun trouve sa modernité dans sa réalisation. Au-delà des scènes de meurtres diablement orchestrées (bien qu'habituée au genre, j'avoue avoir détourné le regard à une ou deux reprises) l'innovation réside dans le traitement et la narration du personnage principal : au travers d'une caméra subjective "Franck/Elijah apparaît (particulièrement dans la première partie) presque pas, si ce n'est son reflet dans des miroirs; de ce fait, en employant cette"subjectivité filmique" le spectateur subit tous les déséquilibres psychologiques de ce jeune homme frêle marqué par les souvenirs d'une mère abusive et peu maternelle. En optant pour cette relecture novatrice afin d'épouser toute l'essence d'un tueur, tendre passionné de poupées en cire, le cinéaste force l'empathie d'où un effet pervers : nous habitons la peau et le psyché de ce sérial killer, et de ce mental dérangé, ses pulsions deviennent nôtres ! le physique enfantin, collant parfaitement au comédien américain, renforce cette empathie et crée une sensibilité dérangeante rapidement regrettée puis balayée par un sentiment de répulsion face aux actes innommables du jeune homme. Je salue la performance de Elijah Wood, ce dernier impressionne et réussi, avec son visage d'ange, à humaniser le scalpeur qui sommeille en lui. Si beaucoup ont éprouvé un profond dégoût pour le long-métrage ultra-violent du réalisateur français, grâce à l'interprétation d'un Wood à fleur de peau, l'horrifique cède sa place au thriller psychologique et de préciser qu'Alexandra Aja ("Mirrors", "La colline à des yeux", "Haute tension"...) en est le producteur et scénariste : gage de qualité. Franck Khalfoun déclarera " Par le biais de cette caméra subjective, nous avons décidé de raconter l'histoire du point de vue du tueur". Plus que réussi (j'en frémis encore) entre fascination et aversion "maniac" est tout bonnement DECOIFFANT (âmes très sensibles s'abstenir) !!!!