" BIENVENUE DANS LES CARPATES" !!!!
Oscar Wilde a déclaré : "PEUT-ETRE LE PLUS BEAU ROMAN DE TOUS LES TEMPS".
BRAM STOKER
Abraham Stoker (Bram Stoker) est né à dublin en 1847, troisième d'une famille de sept enfants. Petit à la santé fragile (jusqu'à l'âge de 13 ans) il écoute avec passion les récits que lui conte sa maman : des légendes irlandaises qui le marqueront à tout jamais. En 1863, il obtient un diplôme en sciences et mathématiques. En parallèle avec son métier de fonctionnaire et grâce à une longue correspondance avec un écrivain américain, il publie un premier article (en 1871) dans la rubrique théâtrale du Dublin Mail. Grâce à ses nouvelles fréquentations (le gratin londonien) son premier livre "La coupe de Cristal" paraît dans la revue London Society. Dès lors, il mutliplie les ouvrages, la plupart ciblés sur le genre "fantastique".
SON OEUVRE MAJEURE - DRACULA
Il faudra dix longues années à Stoker pour délivrer Dracula. Méticuleux, perfectionniste, il plonge ses recherches sur le Vlad Tepes, prince roumain qui lui inspirera le fameux comte Dracula. Sans jamais être allé en Transylvanie, l'écrivain se documentera dans les plus grandes bibliothèques pour être au plus juste avec son récit. Il faudra attendre sa mort (en 1912) pour que l'ouvrage connaissait un succès retentissant. Son livre fait désormais partie des oeuvres littéraires néogothiques, en référence "Docteur Jekyll and mister Hyde", "Le portrait de Dorian Gray"....
Je ne pense pas qu'il soit vraiment nécessaire de faire le résumé d'une des histoires les plus célèbres : la légende de Dracula. C'est le long-métrage de Francis Ford Coppola qui déclencha en moi, l'envie de découvrir l'oeuvre littéraire de Bram Stocker. Au travers de la correspondance personnelle des personnages principaux, l'on suit pas à pas la traque du "seigneur des ténèbres". Si certains(es) ont pu être dérangé par cette forme de narration, le style épistolaire, pour ma part, elle nous permet d'en approfondir leurs états d'esprits et d'être au plus près avec eux. En plus des missives, l'on retrouve des enregistrements du docteur Seward, les notes dactylographiques de Mina. Grand perfectionniste, Stoker s'attache, donc, à tous ces détails, autant dans les personnalités que dans les réflexions de ses protagonistes : leur crainte, leur questionnement, leur combat; si le roman est mené de main de maître de bout en bout, la première partie (la meilleure) le voyage dans les Carpates est magnifique; on ressent toute l'angoisse de Jonathan Harker, clerc de notaire, impuissant et prisonnier du comte Dracula. Baigné dans une atmosphère étrange, mystérieuse, le roman de l'écrivain irlandais se pare d'une beauté envoûtante; bien qu'inquiété par le sort du jeune homme, l'on ne peut que succomber, non sans peur, au charisme de son hôte, accueillant, un brin excentrique, bienveillant; judicieusement présenté, à travers la plume de stoker, comme un être raffiné mais qui derrière cette apparente amabilité se cache bel et bien l'horreur et l'infâme. Quittant, par la suite, la Roumanie pour Londres, ce n'est pas la quête de retrouver son amour perdu qui anime le célèbre comte (présente dans l'oeuvre cinématographique de Coppola) mais bien le besoin de répandre ses pouvoirs maléfiques. Tout aussi fascinant que terrifiant, le non-vivant n'épargne personne et Stoker, joue, à nouveau, la carte du mystère, ne dévoile à aucun moment la véritable personnalité du nosferatu (peut présent mais dont l'ombre plane sans cesse) on l'a devine qu'à travers les descriptions qu'en font les personnages. Seul, le professeur Van Helsing, véritable adversaire (captivé par le prince des Carpates) saura le confronter. Mais au fil de ma lecture, je me suis rendue compte que le célèbre vampire n'était pas le personnage principal mais bel et bien Mina, douce et innocente créature, irrésistiblement attirée par le "MAL", mettant en danger son profond amour pour Jonathan Harker mais volontaire, et prêtre à combattre, avec ses acolytes, le prince des ténèbres.
Le talent de Bram Stoker est indéniable, son écriture fluide, maîtrisée puis largement influencée par ces longues années, bercées par les histoires fantastiques qui ont peuplé l'imaginaire de sa petite enfance, seul reproche a formulé ; ayant d'abord vu le long-métrage de Coppola - plutôt fidèle au roman - il y manque cette part de poésie, d'érotisme, de sensualité, difficilement acceptable au XIXe Siècle, mais que Stoker face à cette époque hautement puritaine (et qu'il dépeint avec beaucoup de précision) se joue de ces interdits avec nombre de sous-entendus. Et qu'on se le dise, le célèbre vampire ne revêt à aucun moment la magnificence et le romantisme d'un Gary Oldman, bien au contraire, il est à son opposé : froid, calculateur, sans une once de sentiment.
Bram Stoker a fait de son oeuvre littéraire, la génèse de Dracula. En ne divulguant à aucun moment le passé du Comte, et ce qui a bien pu le transformer en ce monstre sanguinaire, cela confère une angoisse supplémentaire, au rappel du vrai Vlad Tepes dit l'EMPALEUR dont il s'est librement inspiré; l'éternelle lutte du bien et du mal mettent en évidence, avec toute son étrangeté, un prince des ténèbres tour à tour être effroyable et victime de sa propre prison d'une non-vie. Sombre, mystique, lugubre, amateurs (ices) du genre, s'il y a bien un SEUL livre qui donne ces véritables lettres de noblesses au plus emblématique des vampires, c'est le DRACULA de Bram Stoker, pour le reste, tout n'est que pure fantaisie !!!!
"Toute abstraction est si dure à accepter que notre premier réflexe est de la refuser, d'autant plus si elle s'inscrit à contre-courant de ce que nous avons toujours pensé."
Vald III Basarab, surnormmé l'Empaleur (Tepes en roumain) serait né (on trouve plusieurs dates) entre 1430/31 ou 36. En 1442, en Transylvanie, il est enlevé avec son jeune frère et retenu en otage par le sultan Mourad II. Cette captivité chez les turcs (dont il aurait apparemment peu souffert) a joué un rôle quant à sa future destinée : sa montée au pouvoir. Malgré son enfermement, et grâce à son statut d'aristocrate, il en retire des avantages, profitant de certains privilèges : celui d'étudier, de correspondre, de disposer de serviteurs. l'on soupçonne que c'est à cette époque, qu'il assiste aux premiers empalements.
Profitant de l'absence de celui qui l'avait fait enlevé Vladislav, puis la chute de Constantinople aux mains des turcs, changeant la donne, les chrétiens partent au combat, Vlad Tepes, en grand renfort d'une armée, part pour défendre le sud de la Transylvanie. Il écrase et tue Vladislav puis règne pendant plus de six ans, éliminant sans pitié tous les "gêneurs" qui pourraient le déstabiliser. Il envoûte par son charisme le petit peuple et établit un régime de terreur auprès des nobles : tous le redoutent et le craignent. Il dirige, aussi, une vengeance, en mémoire de son père Vlad Dracull assassiné, qui avait conclu de son vivant la paix avec l'empire Ottoman. La légende veut que lors d'une nouvelle guerre, il l'empale les meurtriers de sa famille, quelques chefs de grande renommée. Mais ne s'attaque jamais au peuple, la plupart des paysans. Partant de là, Le prince crée une nouvelle noblesse avec les pauvres gens et fait construire une forteresse en Transylvanie. En début 1462, se sentant fort, du haut de son règne, il déclenche la colère du fils du roi Moussad (qu'il l'a fait enlevé enfant) en refusant de lui payer un tribut. Le nouveau Sultan décide de l'envahir. Vlad Tepes se résout à quitter sa province, en brûlant ses propres villages et empoisonnant toutes les sources sur les routes. A l'arrivée du Sultan, l'horreur l'attend; nombre de soldats turcs sont morts empoisonnés, sur des centaines de pals, l'on retrouve les corps d'officiers, la scène de cruauté fut surnommée : LA FORET DES PALS. A la tête de l'armée turque, le roi Moussad II convainc le frère de Vlad Tepes de l'assassiner. La légende, une fois de plus, voudra que la femme du légendaire prince se précipitera dans le vide, pour pouvoir s'échapper (la fameuse scène d'introduction dans le film de Francis Ford Coppola). Quant à Tepes, il réussit à s'échapper par un passage secret menant à la forêt.
Vlad III Basarab connut une fin tragique : il meurt au combat en 1476 à Bucarest. Son corps est retrouvé décapité et sa tête envoyée au Sultan qui la pique au pieu comme preuve de sa mort. Quant à sa tombe, à mille lieux de toutes les légendes y compris le fameux roman "Dracula", elle ne revêt en rien l'aspect d'un cercueil renfermé dans une crypte gothique mais un tombeau situé au monastère de Snagov, sur une île proche de la capitale roumaine (WIKI...)
Le Dracula de Francis Ford Coppola (réalisé en 1992) est certainement l'adaptation la plus fidèle de l'oeuvre littéraire de Bram Stoker. Si le "Nosferatu" de Murnau demeure l'un des plus beaux long-métrages (avec celui de Werner Herzog "Nosferatu Fantôme de la nuit" avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani) eux-aussi inspirés du légendaire roman, Coppola en a livré une vision beaucoup plus gothique où les traits de Gary Oldman, superbe prince des ténèbres - en totale immersion avec son personnage. Pour la petite histoire : les actrices Winona Ryder et Sadie Frost furent effrayées par la forte implication du comédien britannique, grand frère spirituel d'un autre comédien (adepte de la fameuse méthode) anglais Christian Bale - hanteront à jamais la cinéphile que je suis, et s'il ne devait rester qu'un seul film, ce serait celui-là. Le cinéaste a offert à la grande rêveuse que je suis (et amoureuse du légendaire mythe d'où mon pseudonyme) l'impossible : de ce rêve noir, il transcende le genre et parvient à développer tout un lyrisme, un érotisme, absents dans les précédentes adaptations. Son flamboyant Dracula se pare d'un univers fascinant : la magie des couleurs, des costumes , des décors, le génie visuel : tout frôle la perfection; désireux de n'employer que des effets spéciaux d'un autre temps, des effets mécaniques - très éloignés du numérique - pour coller au plus près avec l'époque du récit, le grand cinéaste capte avec brio l'essence même du roman originel. Et rend un hommage supplémentaire à l'oeuvre de Murnau (citée plus haut) puis au cinéma des frères Lumières, en choisissant des scènes de trains (dans le passage où Mina fait découvrir au comte les prémices de l'art cinématographe) : en rappel de l'un de leurs premiers films "L'arrivée d'un train en gare de la Ciotat" - réalisé par Louis Lumière en 1895 - Et à la question : si je préfère le livre ou le film ? Je ne saurais( au final ) véritablement pas y répondre; Aussi passionnants, je conseille fortement les deux; mais à l'instar de Bram Stoker, Francis Ford Coppola y rajoute son grain de folie, livre un film personnel, souligné d'une audace baroque, romantique, mettant en exergue une sensualité fiévreuse baignée de l'ivresse (et de la sublime chanson d'Annie Lennox "Love song for a Vampire") sanguinaire d'un être solitaire, fou d'amour; à l'éternelle recherche de sa chère et tendre promise Elisabeta/Mina : un chef-d'oeuvre intemporel !!!!
"Entrez ici de votre plein gré et laissez-y un peu de la joie que vous y apportez."
"J'ai traversé des océans d'éternité pour vous trouver."
"Alors, je vous offrirai la vie éternelle, l'amour au-delà du temps, le pouvoir des tempêtes et des bêtes de cette terre. Joignez-vous à moi, soyez ma tendre épouse."
DEVIANTART : DRACULA DE FRANCIS FORD COPPOLA