"LES DEUX REGARDS CINEMATOGRAPHIQUES DE FAUST" !!!!
"La Beauté du Diable" a été réalisé par René Clair. Sortie en salles le 16 mars 1950.
XVIIIe siècle, Méphisto, envoyé par Lucifer, entre en contact avec Henri Faust (éminent professeur) au seuil de sa mort, afin de lui voler son âme. Il lui offre jeunesse, gloire et richesse pour, un jour, tout lui retirer brutalement. Henri, désireux de tout reconquérir signe alors un pacte avec l'enfer.
J'ai revu, l'année dernière, "La Beauté du Diable" du cinéaste français René Clair : le mythe de Faust - réadapté par le réalisme poétique français - offre à la cinéphile que je suis, un Michel Simon magistral et un Gérard Philipe beau à s'en damner ! Au-delà d'une mise en scène audacieuse pour l'époque, inventive dans son rendu (s'appuyant sur des décors magnifiques - tournage entièrement en Italie - , une lumière ainsi qu'une ambiance très travaillée), ce conte fantastique trouve sa principale ingéniosité dans l'inversement des deux rôles principaux; chacun, au cours de l'histoire, incarnant tour à tour Méphisto puis Faust. Le duo fonctionne à merveille mais à ce machiavélique petit jeu du chat et de la souris où l'insolente jeunesse de Philipe (ainsi que son talent) se frotte à la vieillesse d'un Simon rongé par une vie insatisfaite, ce dernier vole littéralement la vedette au séduisant jeune acteur - au rappel, dans les coulisses, le monstre sacré détestait son partenaire, en raison de sa grande beauté ! - Diablement cabotin, tout comme diablement dangereux, Michel Simon brille de par son jeu prestigieux. Ce grand classique du cinéma français reste étonnamment moderne : l'homme bien qu'ayant un besoin de réussite intellectuelle (et autre) s'attache, au final, à des jouissances terrestres : la course (vaine) à l'éternelle jeunesse et ses bonheurs éphémères le conduisant à sa perte !!!!
Le docteur Faust est le héros d'un conte populaire. Goethe, romancier, poète, dramaturge allemand, publie son "Faust", première pièce publiée dans sa version définitive, en 1808 : un brillant médecin, adepte d'ésotérisme, reste insatisfait. Méphisto apparaît et lui propose de connaître tous les plaisirs de la vie en échange de son âme. Celui-ci accepte le marché mais au cours de son périple, il rencontre Marguerite, symbolisant l'innocence et la pureté, dont il tombe éperdument amoureux. Il l'a séduit puis la délaisse après qu'elle soit devenue mère... Démente après avoir tué son enfant (lui rappelant son amour perdu), Faust retrouve Marguerite emprisonnée dans un cachot. Elle refuse les offres du Diable et implore l'aide de Dieu qui la sauve. Méphisto entraîne seul Faust. Goethe travaillera sur ce thème une longue partie de sa vie, "Faust" étant considéré comme l'oeuvre la plus importante de la littérature allemande (mouvement précuseur du romantisme); la première partie se voulant être : Goethe cite " Un être troublé par la passion, qui peut obscurcir l'esprit de l'homme". La seconde partie - publiée peu aprés la mort de l'auteur en 1832 et considérée comme beaucoup plus difficile d'accés - révèle un monde moins soumis à la passion. Le dramaturge allemand pose la question du salut de l'âme; l'oeuvre étant une parabole de l'humanité souffrante, tiraillée entre pensée et action (wikipédia, l'express). Fouillant dans mes lointains souvenirs scolaires, Goethe est à l'image d'un Shakespeare allemand. Après le nouveau visionnage du chef-d'oeuvre de René Clair et celui de Murnau, j'ai décidé de me replonger dans cette lecture ardue. Je posterai ma nouvelle impression prochainement !
"Faust, une légende allemande" est un film muet réalisé par Fiedrich Wilhelm Murnau, sortie en 1926. Le long-métrage reprend la légende du XVIe siècle de Faust.
J'ai découvert le cinéma de Murnau au travers de l'un de ses masterpieces "Nosferatu". Depuis, mon intérêt pour le cinéaste allemand ne cesse de grandir. Maitre impérial de l'expressionnisme allemand, Murnau s'attache à sa propre vision du célèbre mythe et c'est un tableau que délivre le cinéaste; une peinture baroque où l'intelligence et la magnificence de l'entreprise du cinéaste se révèlent. L'esthétisme visuel, le savant mélange de la lumières et des ombres confèrent à l'oeuvre une atmosphère unique, une ambiance surnaturelle; plongeant le spectateur dans un rêve "noir" où le bien et le mal se livrent combat. Techniquement abouti, fort de ses effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque (je suis encore ébahie par l'intemporalité du travail de Murnau) "Faust, une légende allemande" mêle habilement l'inquiétant à l'onirique. J'invite fortement - même les plus frileux - à découvrir cet audacieux chef-d'oeuvre poétique du cinéma muet. Après des décennies, le génie de Friedrich Wilhelm Murnau demeure admirable !!!!
"Qui veut reconnaître et détruire un être vivant commence par en chasser l'âme; alors il en a entre les mains toutes les parties".