"LA MESSE DES MORTS ATHEE" !!!!
Michel Onfray, docteur en philosophie, est né en 1959 d'un père ouvrier agricole et d'une mère femme de ménage. Son athéisme viendra d'une douloureuse expérience jugée brutale (dans son enfance) faite au sein d'un pensionnat catholique. Professeur de 1983 à 2002, il démissionnera de l'Education Nationale - excédé par l'enseignement de la philosophie telle qu'elle est proposée - pour créer sa propre université populaire de Caen où il enseigne une contre-histoire de la philosophie. Onfray veut, avant tout, réconcilier l'homme et son corps, lui qui envisage la philosophie comme un art de vivre, permettant à l'homme de se dégager de ses illusions. Lecteur de Freud, il prône une philosophie liée à la psychanalyse et se définit comme un "freudo-marxiste". Grand admirateur de Nietzsche, l'homme est surtout connu pour sa révolte contre le dogmatisme religieux, lui qui soutient, dans son fameux traité d'athéologie que le christianisme est indéfendable.
"Je ne méprise pas les croyants, je ne les trouve ni ridicules ni pitoyables, mais je désespère qu'ils préfèrent les fictions apaisantes des enfants aux certitudes cruelles des adultes".
Le Requiem est une forme indissociable de la liturgie religieuse chrétienne. Michel Onfray a conservé la structure de cet exercice musical pour proposer cette messe des morts athée, qui retrouve le sens du cosmos et place la mort dans le grand cycle naturel de la transformation et non de la disparition.
Néophyte en matiére de philosophie (malgré quelques souvenirs scolaires) mais passionnée de psychanalyse, j'ai découvert l'entreprise de Michel Onfray en 2010, au travers de son essai "Le Crépuscule d'une Idole" - L'Affabulation Freudienne -; ce simple livre sur Sigmund Freud ayant déclenché un véritale tollé ! N'en déplaise à ses nombreux détracteurs, j'ai beaucoup apprécié sa vision (il y a des vérités qui fâchent)) sur l'inattaquable fondateur de la psychanalyse. Séduite par le style (certains pointant du doigt sa "vulgarisation" de la philosophie; pour ma part, je l'en remercie), je me suis, aussi, prise d'affection pour le personnage médiatique - rebelle dans l'âme - ses coups de gueule, ses prises d'opinions, sa lucidité et son indéniable talent ( tout comme un autre écrivain, philosophe, Alain Finkeilkraut que je considère). Mais au-delà du penseur, se cache un poête. "Un requiem athée" est un sublime et bouleversant petit recueil qu'offre Onfray en hommage à sa compagne, décédée en 2013. De cette messe pour les morts, point de paradis, point d'enfer, juste une lumière, une quiétude, un néant, un tout. Nul besoin de croire en une force spirituelle; pour Michel Onfray, reste l'immense tristesse, le chagrin, la colère; et puis, comme il le compose si bien "...Avec ta mort naissent les Larmes de ceux qui restent...". A l'image des prières et chants chrétiens que l'on retrouve dans les Saintes Ecritures, le philosophe, tout en sobriété, témoigne, qu'au final, nés de la poussière, nous redevenons poussière. Un touchant ouvrage qui interpelle la croyante "contrariée" que je suis; qui n'a cesse de se poser l'éternelle question ( d'où mon intérêt pour le philosophe) : et si la bible n'était qu'un joli conte pour enfants !!!!
"Devenu plus que rien
Le néant du tombeau sera néantisé lui aussi
Rien sera devenu tout".